Asian Gazette LE RECIT par Joël Legendre-Koizumi

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© 2012 AsianGazette

ASIAN GAZETTE  "Tales and facts of Asia"

Joël Legendre-Koizumi
FCCJ - Foreign Correspondents' Club of Japan
Yurakucho 1-7-1, Chiyoda-ku
Tokyo 100-0006 Japan
Tel:  813-3211-3161
Fax: 813-3211-3168
E-mail: joel.legendre@yahoo.com

PRESENTATION DES CHAPITRES de "ASIANGAZETTE "

" Tales and facts of Asia " Contact eMail: joel.legendre@yahoo.com

 

Spirale & Interface

 

Chapitre 1 - Le Racket à l'Echelle Planétaire

 

Chapitre 2 - Le Rideau de Sang

 

Chapitre 3 - L'Homme Fauve

 

Chapitre 4 - Les Alliances Maudites

 

Chapitre 5 - Les Pirates de Saïgon

 

Chapitre 6 - Le Palais des Miroirs

 

Chapitre 7 - L'Amiral et le Financier

 

Chapitre 8 - Le Lys d'Or

 

SPIRALE : 

 

Au XXI eme siecle, quel regard peut-on porter  sur l'ASIE?

Les coups  d'accélérateurs servant le  démarrage d'après  guerre de

ces  économies,  provoqués  dès  les années  70 par  des obligations

financières  et  des  motivations  marchandes  ainsi  que   par  des

ambitions  émanant  des  géostratégies, demeuraient  tributaires des

décisions prises par les centres  financiers et  politiques d'Europe

et des Etats Unis d'Amérique ainsi que par les  moteurs décisionnels

économiques trans-nationaux.  Les années 1980 et  1990 ont  donc été

riches pour les nations d'Asie  et du Pacifique  et ont  modifié les

analyses  effectuées  sur  la perception et  la compréhension  de ce

continent.  En revanche, la crise monétaire et  financière asiatique

de  1997  consécutives  aux  dettes  et  aux  crédits   alloués  non

remboursables et à l'échec de ce que l'on  a appellé  le capitalisme

d'état, a précipité l'Asie dans une crise sans précédent.

Bilan:  des  réformes  ont  été entreprises,  les Etats  ont corrigé

leurs excès  et incité  à la réforme,  parfois aussi  les frontières

ont  explosé, le sang  a coulé.   Depuis, le  contexte a  changé, le

monde s'est élargi. Des perspectives de développement à  une échelle

mondiale,  jamais  vue  auparavant, ont transformé  la nature  de la

nation,   de   la   gestion   et   de  l'entreprise.     L'actualité

internationale souvent chaotique nécessite  donc des  éclairages sur

les thèmes allant  des problèmes de  développement aux  questions de

stratégies   en   cours   dans  les   nations  d'Asie,   avec  leurs

répercussions  internationales,  tout  particulièrement pour  ce qui

nous intéresse, sur l'espace de l'Union Européenne.  Que  peut-il se

produire, aujourd'hui en Extrême-Orient,  suite aux  conséquences du

redémarrage  économique  asiatique, qui  s'inscrit, certes,  sous un

étroit contrôle des investissements internationaux?   Quelles seront

les  conséquences en  Eurasie, des tirs  de missiles  balistiques de

Corée du Nord, des essais nucléaires d'Inde et du  Pakistan, quelles

seront  les  conséquences  de   la  restructuration   des  économies

japonaise, sud-coréenne  ou thaïlandaise?   Que peut-il  advenir des

crises  politiques  telles celles de  l'Indonésie, de  la séparation

indépendantiste  de  Timor-Est,  mais  également   des  incertitudes

Chinoises et de ses désirs  d'expansions vers le  sud et  l'ouest de

ses frontières?  Par conséquent, quels nouveaux  enjeux stratégiques

se   profilent   en   Extrême   Orient  dans   le  contexte   de  la

mondialisation ?  Oracles  et prédictions ne  sont pas  inconnues et

font partie du registre mental dans une asie  attachée à  ses cultes

et magies, et pourtant nul  ne voulait admettre  dans les  années 80

que  l'endettement  léthal des nations  asatiques allait  plonger la

région quelques années plus tard, région la  plus peuplée  au monde,

dans un état d'embrasement généralisé.  Et comme  "AsianGazette" l'a

appris  dès  1987  à Séoul  auprès d'un expert  de la  direction des

relations   économiques  extérieures   du  ministère   français  des

Finances: on  savait que les  crises financières  menaçaient l'Asie,

tout  comme  aujourd'hui  la  spéculation  et la  "bulle" financière

menace  les Etats  Unis et  dans une moindre  mesure l'Europe.   Dix

années après  l'avertissement de cet  économiste dans  les somptueux

locaux  du Seoul  Club, l'éclatement  de la crise  a de  nouveau été

annoncé à l'editeur  "d'Asiangazette" à l'hiver  1995, soit  18 mois

avant  l'effondrement  du  Baht  Thaïlandais.   Un  rapport d'alerte

adressé  à  divers responsables  a provoqué  suspicion, scepticisme,

désintérêt pour Cassandre et le destin funeste réservé à  quelques 3

milliards et demi d'habitants.  La moitié de  l'humanité!   Que dire

des entrepreneurs  de la  planète pris aux  dépourvus par  manque de

données informatives,  des drâmes encourues,  des vies  brisées mais

enrcihis  par  l'expérience.   Ironie  de l'histoire  française, ces

avertissements se sont produits au moment où la France  changeait de

politique,  quittant  François  Mitterrand que  l'Asie n'intéressait

que  de  loin  pour  Jacques Chirac dont  on connait  l'intérêt pour

l'Asie, son histoire et ses cultures.   "Comprendre et  replacer les

faits dans leur contexte afin d'agir", ou  pour citer  le philosophe

anglais  Francis  Bacon: "examiner  les faits en  se gardant  de les

accepter tels qu'ils se présentent".   Ces deux  pensées nécessitent

donc le dévelopement d'une information avec les  rappels nécessaires

de "l'Histoire",  ainsi que  des apports en  faits nouveaux,  et des

éclairages  pour  susciter  analyses  et  stratégies  sans  craindre

d'enfreindre  de   quelconques  tabous  ou   censures.     Voici  la

convergence   que   vous    propose   le    network   d'informations

"Asiangazette" produite depuis Londres et Tokyo.

 

INTERFACE :

 

Les  crises  financières  de l'espace  asiatique se  transforment en

restructurations  et adaptations nécessaires.   Elles  s'imposent en

raison des obligations qu'ont les puissances  économiques régionales

et  leurs  satellites  à devoir assumer  leur rôle  international en

acceptant de contribuer au monde  politique, économique  et culturel

international.  Aussi, hommes et femmes,  groupes, espaces  et idées

qui  participent  à  l'architecture  de  cet  esprit  de  réforme et

permettent  le  progrès  et  le  développement  des  sociétés seront

particulièrement présents et bienvenus dans  cette lettre  et réseau

d'information.      "AsianGazette"  vous fera ainsi  découvrir

l'histoire,  les  cultures,  les  faits sociaux,  les drames  et les

succès de la vie quotidienne, présents, passés et à proximité  de ce

nouveau millénaire.  Nous vous invitons à suivre ces  chapitres avec

passion.  Que l'aventure commence dans le  cyberspace grâce  à votre

navigateur favori et  grâce à vos  réflexions interactives  qui sont

les bienvenues.

 

 

Chapitre Premier: "Le Racket à l'échelle planétaire"

 

Et si je vous proposais une entrée dans le monde glacial  des sectes

chinoises  plus  souvent  connues  sous  le  nom  de  Triades.   Les

connaissez-vous?  Non?   Alors vous  allez comprendre  : D'illustres

personnages  de   l'actualité  commerciale,   politique,  culturelle

actuelle   se   réfugient   derrière   des   paravents    dorés   de

respectabilités.    Ils  se  trouvent aussi bien  à Hong  Kong qu'en

Thaïlande ou aux Philippines mais également en  Europe et  aux Etats

Unis.  Certes, toutes  les associations des  chinois d'outre  mer ne

sont pas des leurres et refuges  masquant les  activités criminelles

et meurtières liées  à la corruption  de la  finance internationale,

au trafic d'armes et de stupéfiants,  d'êtres humains  et d'organes,

à la prostitution y compris via Internet ou à tout ce qui a  fait le

bonheur  des  parrains  des  sectes Sui  Fong, Wo Sing  Wo, 14  K et

autres Sun Yee On, pour n'en citer que les plus réputées.   Là aussi

les  événements  se  précipitent  depuis  les  crises   des  espaces

financiers  asiatiques  intervenues  à  la  suite  de la  réunion de

l'ASEAN de 1997 accueillant en  particulier la  Birmanie, provoquant

la colère de Washington.  Ce qui n'a fait qu'accélérer  la main-mise

des  sectes  secrètes  chinoises,  les  "  Triades  "  sur  le monde

sous-terrain  des  organisations criminelles  internationales, hier,

inconnues du grand public.   Il fallait  de l'argent  pour compenser

les effroyables dégats  de la finance  asiatique exsangue,  et vite,

cela  est  devenu  l'obsession des mafieux,  le leitmotiv  de toutes

combinaisons criminelles plongeant des millions d'individus  dans le

desarroi.   Au coeur  du dispositif,  la Chine du  sud, le  Laos, la

Thaïlande  et  la  Birmanie,  celle-ci  plongée dans  une répression

sanglante  imposée  par  le  régime  dictatorial  de  Rangoon  à ses

dissidents qui  ne sont  pas tous de  dignes récipiendaires  du prix

Nobel telle la courageuse Aung San  Suu Kyi.   Dans cette  partie du

monde, réprimées plus secrètement mais  aussi férocement,  on trouve

les  minorités,  venues  autrefois  des contreforts  Himalayens, qui

vivent dans la repression et sont  achevées à coup  de serpes  et de

fusils mitrailleurs dans les derniers bastions  Shans ou  Karens par

les  armées  régulières  ou non, souvent  mafieuses, aux  ordres des

grands  trafiquants  de  drogue  opérant  dans  ce  Triangle  devenu

Rectangle  d'Or  dans  la  region  du  grand  fleuve  Mekong.    Ces

trafiquants sont organisés sous un mode criminel  d'origine chinoise

afin de dynamiser la production et  les filières  de transformations

de l'opium en héroïne, et des amphétamines.

 

Depuis le début  de 1995,  des guerres se  sont ainsi  livrées entre

chefs  de  clans  birmans,  chinois,  thaïlandais  auxquels  il faut

ajouter les habituels compradores occidentaux,  fournisseurs d'armes

sophistiquées  en  même temps  qu'opérateurs de  circuits financiers

douteux procurant un argent sale qu'il faut blanchir avec  l'aide de

vrai-faux banquiers sans complexes.  Après deux  années de  luttes à

coup de bombes incendiaires et de rafales d'armes  automatiques pour

la prise de contrôle des territoires des hautes vallées  d'opium, le

résultat  a  été  observé  depuis  septembre  1997  dans  cette zone

frontalière mouvante, cette frontière  passoire birmano-thaïlandaise

partant du nord de Tachilek jusqu'à la zone frontalière de  Mae Sot,

sur les sentiers et routes défoncées, projetant  même bien  au delà,

vers la Chine et ses  zones d'ombres, telle  Ruli, haut  lieu prisés

par  les  trafiquants  de  Chine  Populaire.   "Asian Gazette"  a pu

aisément constater de visu grâce aux relais des Shans et  des Karens

que  des  chefs  des  armées  régulières  birmanes sont  passés sous

l'influence des organisations criminelles  chinoises et  associées.

L'on reparlera ultérieurement des militaires  de l'ethnie  des "Wa",

largement impliquée dans le trafic d'héroïne et  de mésamphétamines.

La drogue et sa  production, elle demeure  étonnante à  l'heure des

satellites espions, mais évoque aussi bien des souvenirs.   Tous les

services  secrets  des  nations  qui  ont  colonisé,  depuis  le 19è

siècle, les pays d'Asie: Amérique,  France, Japon,  Grande Bretagne,

Allemagne,Russie,   n'ont-ils   pas   permis   à   leurs  dirigeants

d'accumuler  d'immenses  bénéfices  grâce à la  vente de  l'opium et

l'héroïne.  Saïgon n'a-t-elle pas aussi été construite  par l'argent

de l'Opium?  Parmi les pays  producteurs intéressant  directement la

France,  la liste  serait longue et  nous entraînerait  également au

Liban, en Turquie Tunisie, et au Maroc.  Mais  pour ce  qui concerne

l'Asie, ces bénéfices provenant de la vente de la drogue  ont permis

de diviser les populations montagnardes du Viet-Nâm  ou du  Laos, et

de combattre les communistes par Kuomintang interposé  comme saurait

le raconter  l'intéressé Richard Armitage,  ou encore,  à moderniser

un  peu  partout  des  villes demeurées médiévales,  et ce,  grâce à

l'argent  de  la  drogue.    "AsianGazette"  suggère  la  lecture de

l'excellent livre de référence d' Alfred Mac Coy que  la CIA  a tant

voulu interdire : "La politique de l'héroïne en  Asie du  sud-est".

Aussi ce commerce  illicite toujours actuel  a donc  cela d'original

qu'il se maintient, à la fin des années 90,  sans aucune  entrave et

qu'il a été dynamisé dans la production d'amphétamines par  la crise

financière  asiatique  qui  a  en  effet  motivé  une  forte demande

d'argent  frais.    Cela  a  décuplé dès 1997  la demande  en drogue

auprès des producteurs d'opium  et de drogues  de synthèses  made in

Asia.   Résultat  plus de  2500 tonnes attendues  chaque année.   Il

faut  dire  que  cette  demande  d'augmentation  de   la  production

d'héroïne  et   d'amphétamines  a  suivi   un  événement   à  portée

historique!    Un  accord  a été passé  entre acteurs  politiques et

mafieux du sud est  asiatique: Khun Sa  d'origine chinoise,  Lo Hsin

Han et le gouvernement birman.  Lo a négocié en 1996 un  accord avec

le  général  birman Khin  Nyunt, le secrétaire  général de  la junte

militaire  de  Rangoon  du  "State  Peace  and  Development Council"

(SPDC) qui a remplacé en novembre 1997 le  SLORC.   L'accord portait

sur  un  cessez  le  feu  définitif,  la  trêve  donc,  entre forces

militaires   adverses,   communistes,   indépendantistes,   et   les

trafiquants.   Trêve permettant alors  d'enrichir les  dirigeants de

Rangoon.   L'objectif  très pratique était  de pouvoir  accroître le

trafic d'opium à partir des montagnes  d'asie du sud  est.   Il faut

en  effet  garantir  l'acheminement  de  la  drogue et  protéger les

routes  empruntées  par  les  caravanes  qui  traversent   Chine  et

Birmanie avant d'expédier leurs précieux  trésors outre-mer,  ce qui

demeure  complexe  vu  le  partage  des  cartes entre  divers forces

trafiquantes chinoises, européennes,  russes, orientales,  latino et

américaines.

 

Il faut rappeller qu'avec un marché mondial annuel estimé à  plus de

500 milliards de dollars, les "deals" ont tout  lieu d'être.   Deals

brisés  ou  revus  au fur  et à mesure  des ambitions  des gangsters

locaux des montagnes du Triangle  d'Or.  Sans  une domination  de la

mafia  chinoise,  le  désordre  règnerait.    Il  est donc  vital de

sceller  en  permanence  par  des  cadeaux,  de nouveaux  accords de

passage afin  que partout  la "blanche" reste  aux mains  des mafias

dont  les  triades  chinoises  qui  sont  peu  regardantes  sur  les

méthodes à employer.  Nous  sommes en présence  de criminels,  et ce

sont les criminels  sortis de l'ethnie  guerrière "Wa"  qui semblent

régner en maître.  Impassibles dans leurs vallées  empruntées depuis

des  siècles  par  les commerçants chinois  se rendant  vers l'océan

Indien  ou  la mer  de Chine,  l'accès à l'océan,  le vieux  rêve de

Pékin!  Les  paisibles cultivateurs des  hauts plateaux,  chargés de

produire  l'opium, sont  le plus souvent  présentés comme  de hardis

montagnards  en  costumes  traditionnels  dans  les  musées  et  les

meilleurs  ouvrages  à  grands  tirages.    Paysans  aux  traditions

séculaires  qui  font,  bien  malgré  eux,  le  plaisir  d'abord des

commandos  anti-communistes,  puis des  routards et  maintenant, des

beaufs.  Paysans qui vivotent dans des Resorts des bords  du Mékong,

payés par l'argent  de la  drogue, dans des  musées où  l'on encense

l'histoire du trafic d'Opium devant les touristes.  Il est  vrai que

l'Opium  rapporte  bien  plus  à  ses producteurs que  le café.   En

permanence on  a recours  ici à un  savant maquillage,  omettant les

massacres des  ethnies locales,  pour ne laisser  la place  qu'à une

littérature   "envolée"   magnifiant   le   rôle    des   vénérables

contrebandiers  vêtus  de  costumes  traditionnels.    Maquillage de

bâteleurs opéré  par les  trafiquants, en pays  Shan, Wa,  Kokang ou

Thaï  qui  procèdent  à  une ré-écriture de  l'histoire à  partir de

leurs camps retranchés.  Loin de la littérature,  c'est, en  fait, à

une armée entrainée et prête à réagir vite que l'on s'affronte.   On

se souvient de l'épisode de 1982 de  "Ban Hin Taek  " et  de l'échec

cuisant des commandos thaïlandais impuissants  face aux  services de

renseignements  de  Khun  Sa  ayant  appris  bien  à  l'avance,  les

intentions subites du haut commandement  Thaï, ce  dernier contraint

par  la DEA,  à intervenir  contre l'Empereur de  la Drogue.   Peine

perdue,  celui-ci  s'est  envolé  tranquillement   à  bord   de  son

hélicoptère, afin de se réfugier, dans la jungle Birmane à  la barbe

des  commandos  Thaïs.    Dans  ces  vallées  luxuriantes,  isolées,

flamboyantes et dans ces officines du crime  qui appartiennent  à de

riches chefs de  triades associés aux  yakuzas nippons,  aux mafieux

américains  et  européens  dont  ceux de  l'ex union  soviétique, se

planifie, se négocie et  se met  en marche le  commerce de  la mort,

entre  deux  chargements  d'héroïne  ou  d'amphétamines,   par  voie

fluviale,  terrestre  ou  aérienne notamment au  départ de  la Chine

Populaire.    Il  s'agit  d'un véritable  management du  commerce de

drogue  et non  du petit  trafic auquel se  livrent les  amateurs et

dealers piégés par les revendeurs locaux  avant d'être  arrêtés dans

les aéroports, histoire de ne pas faire baisser les cours  du marché

des drogue telle  l'héroïne qui  rapporte à tous  et entre  dans les

mécanismes  économiques  des  Etats.  Dans  l'intervalle,  dans  ces

vallées secrètes et dangereuses, les trafiquants se  croient maîtres

des lieux et des cieux, pensent-ils,  malgré les  antennes, sensors,

micros-ondes  et  satellites  de  plus en plus  curieux.   Alors ils

s'accordent entre  deux remises de  valises quelques  plaisirs entre

cousins  de  famille,  entre  criminels  et  parrains  démarcheurs.

Quelques  heures  de  plaisirs  entre  rackets,  viols,  pillages et

tortures, entre menaces et violences, entre jambes  sciées à  vif et

langue brûlée, le mauvais  sort réservé aux  mauvais dealers  et aux

traîtres.  Quoi de plus  réjouissant pour ces  âmes peu  sensibles.

Et cela après avoir  enlevé, dans les  tribus perdues  des montagnes

de très jeunes filles  esclaves acheminés comme  du bétail  dans des

pick-up  sous  le  contrôle  des  tortionnaires,  des  petits  chefs

mafieux,  des  soldats sans  solde et parfois  sous l'oeil  torve de

policiers et militaires en uniforme.

 

Et c'est par conséquent devant les yeux non avertis des  charters de

touristes toujours plus nombreux venus clapoter  dans les  salons de

massage et les piscines  des grands hôtels  d'Asie du  Sud-Est qu'un

commerce mondial  impuni s'organise et  prolifère avec  pour origine

l'éternel  recours  à  la drogue, l'opium,  la cocaïne,  les dérivés

chimiques.  Seule différence aujourd'hui: on connait  beaucoup mieux

ces  criminels.    Il  a  fallu attendre  les multiples  récoltes de

l'héroïne  vers les  capitales européennes pour  que les  polices se

décident  à  mentionner  l'affaire  publiquement  et  révèlent  leur

manque d'efficacité aux médias, en  particulier en  Grande Bretagne,

connue  pour  le  pouvoir  de  sa  presse.   En effet,  cette drogue

arrivant  de Birmanie,  de Thaïlande et  de Chine  passe massivement

les  frontières  sous  l'oeil  impassible  des   fonctionnaires  des

républiques populaires  et monarchies ô  combien intentionnées.   Il

ne s'agit plus en effet de traverser les  sentiers montagneux  à dos

de mule comme veulent  le faire croire  quelques proches  rêveurs de

Bo  Gritz  (un  vrai  Rambo?)  embrigadés  dans  la  découverte  des

derniers " US Missing in Actions" mais  bien au  contraire d'envoyer

le tout par les airs et par des routes  bien goudronnées  puisque le

plus souvent construites grâce à  des financements  officiels versés

par des nations du sud est asiatique.  Martin Booth est l'un  de ces

rares observateurs et enquêteurs  à avoir eu  le courage  de révéler

les circuits de  vente d'héroïne  en Europe de  l'ouest et  de l'est

ainsi qu'aux Etats Unis.   Son  premier livre sur  le sujet  date de

1990, néanmoins  une dizaine  d'années après la  sortie du  livre de

Alfred  Mac  Coy.    Il  rappellait déja  que les  Triades chinoises

contrôlent  90  %  de  l'héroïne vendue  de par le  monde et  que la

rétrocession  de  Hong  Kong  à  la  Chine  Populaire  contraint les

triades  à  anticiper  les  baisses  de résultats  nés du  bon vieux

commerce de drogue et de sa gestion exemplaire  à partir  de Central

ou  Wanchai  et  des  vallées millénaires  du sud de  la Chine.   Un

commerce en effet vieux comme le  monde et que  même les  fidèles de

la Grande Marche n'ont pas remis en question alors  qu'ils pouvaient

tordre le coup aux firmes britanniques telles Jardine's.   En effet,

on sait depuis qu'à la suite de la prise du pouvoir à Pékin  par les

troupes  de  Mao,  en  1949,  le  gouvernement  chinois  n'a  jamais

vraiment brûlé les récoltes  et les champs  de pavots  somnifères du

Yunnan, aux poppies aussi riches que  des paroles  d'évangiles, même

si  le  grand  timonier  a  prétendu le  contraire sans  pour autant

convaincre les  derniers grands observateurs  aux ordres  du Vatican

tels Léon Trivière,  exclu de  Chine par Mao  mais demeuré  au poste

d'observation qu'était alors Hong-Kong pour  les "China  Watchers".

Etait car depuis, la  technologie a fait  des merveilles.   Ajoutons

néanmoins  que cette  "agriculture" et  exploitation gouvernementale

chinoise   de   l'Opium,  présentée  comme   telle  et   destinée  à

l'industrie   pharmaceutique   chinoise   Pop   n'était   pas   liée

nécessairement  à  la  Mafia.    C'était  alors  davantage  dans les

habitudes de Taïwan.  Autres temps, autres  moeurs, à  Taiwan encore

aujourd'hui, certains meurent pour moins que cela.

 

Depuis, les triades  se sont organisées  de nouvelles  places fortes

dans les pays occidentaux, elles recourent aux villes  chinoises des

capitales  du  monde  entier,  et  aussi aux  villes de  provinces.

Ainsi,  au  Royaume-Uni,  elles  installent  de  nouveaux  réseaux à

Manchester, Southampton,  Nottingham, ou encore  en Ecosse.   Villes

et régions déja passées sous  leur supervision à  la fin  des années

80  comme  l'a  écrit David  Black dans son  "Triad Takeover".   Des

villes  qui subissent  les pressions et  les attaques  des criminels

versés dans la prostitution, le jeu, le racket,  mais aussi  dans le

piratage  de  cassettes  vidéos  et  la  contrebande  généralisée. 

Frappés le  plus souvent  sont les immigrés  étrangers des  pays les

plus  pauvres,  en situation irrégulière  ainsi que  les populations

chinoises intégrées mais craintives et  souvent clientes  pour cause

de tontines.  Le scénario de cette violence perdure dans  les autres

parties du monde qui, en dehors de  l'Asie, disposent  du cérémonial

du  Dragon.   C'est  le cas  par exemple de  Perth en  Australie, de

Vancouver au Canada et de San Francisco aux Etats Unis.   Auxquelles

il faudra ajouter les  nouveaux remparts érigés  par les  taipans et

les parrains des triades, par exemple,  dans les  iles indonésiennes

mais  aussi dans  une Europe monétaire-pain  bénie des  mafieux, qui

dessine de nouvelles frontières bien perméables  pour le  plus grand

bonheur  des  organisations  criminelles  chinoises,  si  riches, si

puissantes.  Les exemples ne manquent  pas.  Au  début de  l'an 2000

avant  la  tenue  du sommet  des pays membres  du G-7  organisé sauf

imprévu  pour  cause  de typhon  sur l'île de  Okinawa au  Japon, en

Juillet  2000,  les préparatifs s'intensifient  sur les  questions à

traiter  notamment  au  regard  de  la  piraterie  via  les  réseaux

électroniques  et  le  "net".   Au-delà de  la protection  des chefs

d'Etats et de Gouvernements et des médias  présents dans  une région

encore troublée par les derniers sursauts de  la guerre  froide, les

pays  membres du  G7 viennent de  faire de  surprenantes découvertes

sur les récents traffics et actes de grand banditisme  entrepris par

les  triades chinoises  et par leurs  réseaux organisés  à l'échelle

mondiale.    Ainsi,  malgré  l'extrême  sécurité  déployée  par  les

organismes  bancaires,  on  en  sait  davantage aujourd'hui  sur les

techniques  empruntées  par  les Triades qui  s'en prennent  le plus

souvent aux communs des mortels, c'est à dire,  vous, et  vos cartes

de crédit que vous  croyez protégées  car il suffit  de 40  minute à

une  équipe  mafieuse  pour  reproduire  une  carte de  crédit entre

l'achat  et la  fabrication de nouvelles  cartes avec  codes d'accès

secrets  prélevés  sur  les  reçus  MAIS  également sur  les caisses

enregistreuses.    Ces  données  prélevées électroniquement  par des

systèmes espions déposés sur les caisses sont envoyés par  email, ou

téléchargés  sur  des  sites  internet  ou  faxés dans  les ateliers

clandestins de préparation des cartes.   Des ateliers  répartis dans

le monde entier, on retrouve ainsi la  technique de  l'essaimage des

chimistes  de  l'héroïne  et  des  amphétamines   multipliant  leurs

fabriques et usines à profits illicites de par  le Globe.   Aussitôt

fait, des  bandes d'acheteurs  se précipitent de  par le  monde pour

faire leurs emplettes de produits courants, d'articles de  luxes, de

bijoux,  ou  d'articles   électroniques  qui   seront  immédiatement

revendues à  des filières d'achats  mafieuses. Les  "acheteurs munis

de ces  "vraies-fausses" cartes de  crédit" recevant  une commission

allant de  20 à 40%  sur les  ventes.  Exemple  à Hong-Kong  avec la

triade "14 K"  et les  groupes associés à  la mafia  impliquée début

janvier  2000  dans  les  derniers  scandales  à  Hainan et  dans la

province du Fujian  touchant les plus  hauts responsables  de Pékin,

placés dans la ligne  de mire du  Premier Ministre  Réformateur "Zhu

Rongji". Les mafieux peuvent ensuite transférer des  masses d'argent

sale dans des comptes épurés, sans beaucoup d'inquiétude.

 

Motif? Les dizaines de milliers de

banquiers-mafieux-soldats chargés des transferts n'ont

pas oublié qu'un refus signifierait à l'extrême, le

suplice de "la mort lente", la torture aux mille

morsures, aux rasoirs, qui découpent les cadavres à vifs

jusqu'à ce qu'une mort atroce s'en suive. On est loin de

l'image classique du soldat mafieux menant une vie

paisible sous les cocotiers ou derrière les vitres des

tours de New York, Cayman, Tokyo, Moscou ou Chicago.

Aujourd'hui, sur ces places fortes financières, on

forme, pour l'intérêt des familles et des "death

corporations", les futurs mathématiciens et financiers

du crime organisé. Au Japon, ils portent le nom de

"Keizai Yakuzas" qui infiltrent même les proches des

chefs d'Etats les plus puissants au monde, cela a été le

cas des Etats Unis et des proches du parti républicain,

révélé par le remarquable livre "Tokyo Underworld" paru

en 1999 écrit par Robert Whiting. Celui-ci a enquêté sur

les réseaux financiers de la pègre nippone (keizai

yakuza) avec la bande de l'Inagawa Kai. Page 242 et

suivantes, Whiting raconte l'histoire insensée survenue

à Prescott Bush, le frère aîné de l'ex-président

américain Georges Bush. Sa firme de consultation

immobilière de Manhattan a été contactée en février 1988

par la société immobilière "West Tsusho", une entreprise

japonaise écran appartenant à l'une des familles

historiques de la mafia japonaise: l'Inagawa Kai.

Prescott Bush est devenu leur consultant en juillet 1989

et a permis à West Tsusho d'acquérir une firme "d'Assets

Management" appelée AIMFS à New York. Il a reçu 250.000

dollars de commission pour cela avant d'accéder au poste

de "senior adviser" chez "West Tsusho". Plus tard

Prescott Bush est venu au Japon, traité royalement au

restaurant chinois de l'hôtel "Okura" par la famille

mère : la société "Hokusho Sangyo" dont le président,

Munenobu Shoji, a demandé sans timidité et droit dans

ses bottes à Prescott Bush d'initier une rencontre

auprès de son frère, le Président George Bush. Ce que

Prescott a finalement refusé levant les bras au ciel.

Les mafieux nippons ont alors menacé de retirer tous

leurs fonds et investissements jusqu'à ce que la

rencontre ait lieu à la Maison Blanche. Prescott Bush a

su, mais plus tard, grâce à la police japonaise quels

étaient les liens sulfureux de ces sociétés immobilières

nippones avec les sociétés mafieuses des yakuzas. Ces

derniers ne reculant derrière rien et déployant un

mépris total pour le sens du mot "justice" l'ont

néanmoins attaqué pour un "breach of contract" égal à 2

millions et demi de dollars! Asie prévoyante! Un tel

crime organisé, renforcé par le travail "new wave" des

"hackers", pénalise donc bien souvent l'effort des

polices du monde entier. Ces hackers sont bien organisés

en Asie mais s'expriment également pour une cause

politique. Le Japon en a eu la preuve après les attaques

dirigées contre ses sites ministériels, motif : des

nostalgiques, loin d'être des cas isolés au Japon, de

l'extrême droite d'Osaka, ville candidate aux JO d'Eté

de 2008, ont refusé d'accepter l'évidence des massacres

commis au nom de Hiro-Hito par les troupes impériales

durant l'invasion de la Chine dans les années 30 et

durant la guerre du Pacifique. Déchainant la colère de

la Chine et de la Corée,dont les hackers ont envahi les

ministères et laissé des messages, voire fait preuve

d'un humour de mauvais goût en insultant, pillant ou

diffusant par ironie des url de sites pornographiques

sur ces pages gouvernementales. Pas très sérieux pour un

gouvernement! En définitive, les dirigeants de la mafia

financière des triades et des yakuzas ne jouent-ils pas

les rôle d'un feuilleton asiatique récurrent, cela ne

ressemble-t-il pas à l'histoire de ces hommes nés avant

la seconde guerre mondiale, ceux qui ont bénéficié de

l'avancée sanglante japonaise dans cette Asie en guerre?

Depuis, ils sont devenus d'honorables banquiers, Taipans

ou industriels, gens de médias ou dynasties de

politiciens réputés comme cet ancien premier ministre

Thaïlandais bien connu dont nous reparlerons ou encore

de cet ancien bureaucrate Japonais, devenu criminel de

guerre parvenu néanmoins au rang de premier ministre

dans le Japon d'après guerre, Kishi Nobusuke? Kishi

était en effet lié par son oncle à la famille dirigeant

la firme "Nissan"! "Nissan" dont le "zaibatsu", bien

avant d'unir ses destinées avec le français "Renault" a

eu la responsabilité de gérer l'économie de la

Mandchourie avec l'aide de la pègre liée à l'extrême

droite nippone!

 

Chapitre Deux: "Le Rideau de Sang"

 

Le personnage principal de cette aventure  est mort  subitement, peu

après  le  premier  récit   d'AsianGazette,  foudroyé   en  quelques

semaines par la maladie.  Il s'agit de l'ancien premier  ministre de

Thaïlande : Chatichai Choonhavan.  Il s'est  éteint des  suites d'un

cancer du foie mal  soigné et  mal traité.   Malgré les  efforts des

chirurgiens de l'hôpital Cromwell de  Londres, le  général Chatichai

meurt  le  6 Mai  1998.   Il demeure l'un  des personnages  les plus

énigmatiques de  cette deuxième  partie du XXème  siècle.   Il reste

dans  les mémoires  comme l'un des  commanditaires de  la répression

meurtrière de Bangkok, en 1976,  où là encore,  des chefs  de guerre

ont  fait  tirer sur  des enfants, sur  des milliers  d'étudiants de

Bangkok qui ont  été affreusement torturés  puis assassinés  par des

extrémistes  dirigés  par  l'armée  Thaï  appuyés  par  les  service

secrets  américains.    Ces  mouvements   sont  organisés   par  les

étudiants gauchistes.  Ils s'opposer à  la corruption  des officiers

Thaïs  et  à la  présence des forces  américaines, et,  ils exigent,

avant toute autre chose, la Démocratie.  Ceux et celles qui  ne sont

pas  tombés sous les  balles et  les coups se  sont enfuis  dans les

montagnes  du   nord  de  la   Thaïlande,  retrouvant   les  anciens

maquisards proches des communistes chinois.  Tout au long de  sa vie

ténébreuse, Chatichai s'affirme comme un homme politique  habile qui

est passé maître dans l'art des  retournements de  situations, connu

également  pour  son  aptitude  à  maneuvrer  sur  le terrain  de la

corruption  et  du  meurtre  politique.  C'est  lui, encore,  qui au

début des années 90 ne parvient pas à enrayer la crise  politique et

économique  née  des  premiers   scandales  financiers   de  Bangkok

consécutifs aux investissements massifs des japonais et  des chinois

d'outre-mer  européens,  américains. Crise  que n'arrangent  en rien

les rivalités entre militaires.  Là encore, les  meurtres politiques

sont  à  mettre  à  la  solde  des généraux  que Chatichai  aura été

incapable  de  diriger  lorsqu'il   présidait  le   gouvernement  de

Bangkok.  Et le rideau de  sang s'abat, à  nouveau, cette  fois, sur

des  jeunes  de  moins  de  20  ans,  massés  aux  abords  du Palais

Royal...à deux  pas du  sanctuaire Bouddhiste le  plus vénéré  de la

nation  du  Wat  Phra  Kéo.  Les  jeunes manifestants  sont abattus,

pourchassés,  massacrés  dans  les immeubles  des alentours  dont le

tristement célèbre  Hotel Royal,  et cela, à  bout portant,  par les

soldats Thaï devant les journalistes de la presse mondiale.

 

Trois  années  à  peine  après  les  scènes  d'insurrection  qui ont

conduit  au  massacre  de  Tian  An  Men   à  Pékin.   Les  généraux

responsables sont punis  et humiliés  par le Roi  Bhumipol.   On les

voit  ramper  devant  la personne même  du Souverain  exigeant leurs

excuses devant le peuple.  Quant à Chatichai, qui  n'a pu  éviter la

crise, il perd tout son prestige.   C'est la  disgrace mais  il sait

conserver  son  pouvoir  de  politicien et  sera membre  d'une vague

opposition,  avant  de  venir  mourir, au  printemps, sur  les bords

marécageux de  la Tamise...   Le premier  ministre Chatichai  est le

fils d'un militaire:  Le général "Phin"  Choonhavan qui  durant près

de  50  ans  est  le  dirigeant inconstesté  de la  Thaïlande, ayant

autant servi  les officiers supérieurs  japonais tels  le redoutable

Colonel  Tsuji Masanobu  durant la seconde  guerre mondiale  que les

militaires  et  politiciens  américains lors de  la guerre  froide.

Mais surtout  Phin Choohavan  est l'homme qui  a orchestré  l'un des

plus  grands trafics  de drogue de  l'histoire, organisant  toute la

procédure, allant de la production,  au transport et  à la  vente en

passant par la transformation  de l'opium en  morphine et  héroïne.

Avec  tout  l'art  consommé  qu'il  hérite  de ses  ancêtres chinois

d'outre-mer, rompus  au double  language, il impose  sa loi  tout au

long  de  son  règne, jonché  de meurtres et  de répressions.   Avec

violence  et  rejet  de  toute morale, il  combat, comme  les autres

dirigeants   des  juntes  d'Asie,   tout  vent   de  démocratisation

assimilée alors au communisme.  Phin  Choonhavan serait  vénéré dans

les livres d'histoire de la Thaïlande pour  son "étrange  courage et

sa  surprenante  intégrité", si, depuis,  les services  secrets, les

médias et les historiens n'avaient rétabli la vérité et  fait tomber

l'homme  dans  la  disgrace.  Il est  donc exact  d'affirmer que

l'histoire  et  ses  prolongements  actuels  ont constitué,  pour le

général  Phin  Choonhavan,  un  gigantesque  terrain  d'aventure aux

parfums   sulfureux...Une   histoire   insoupçonnée,   méconnue  ou,

surtout,  camouflée,  tant les conséquences  des révélations  ont le

pouvoir  d'effrayer  ceux et celles  qui gouvernent  aujourd'hui aux

postes les plus éminents, et qui sont parfois incapables  de définir

l'exacte  origine  et les  sources de leurs  propres fortunes  et de

leurs   financements  pour  leurs   entreprises  ou   leurs  projets

politiques, économiques, industriels et artistiques ...

 

Chapitre Trois: "L'Homme Fauve"

 

Sur un ordinateur puissant  disposé dans une  vaste salle  claire au

mobilier très "New Labour" de la nouvelle British Library  de King's

Cross  à  Londres,  les données sortent  et composent  un flamboyant

bouquet d'informations à propos de  "l'Homme Fauve",  le responsable

de  la  mort  de  dizaines  de milliers  de civils,  hommes, femmes,

enfants: le colonel Tsuji Masanobu.  Sa vie a fait  de lui  l'un des

hommes les plus dangereux au monde.   Oui et

pourtant, ce nom de Tsuji  Masanobu ne vous  dit rien.  Néanmoins la

mémoire vive des ordinateurs évoque à nouveau les exploits  les plus

insensés et les actes les plus meurtriers provoqués par  l'armée des

militaristes durant la période de la colonisation  de l'Asie  par le

Japon Impérial de Hiro-Hito.  A lui seul, le colonel  Tsuji Masanobu

compte à son actif l'assassinat de dizaine  de milliers  de victimes

en Chine, en Malaisie et  à Singapour qui,  près de  soixante années

plus  tard, continuent  de donner de  terrifiants cauchemards  à ses

victimes,   chinoises,   malaisiennes,  indiennes,   britanniques. 

Lorsque le colonel Tsuji n'est pas en train de massacrer  une ethnie

d'Asie ou une Nation, il lie des accords secrets avec  les gangsters

et les organisations secrètes des triades chinoises mais  aussi avec

des  hommes  d'affaires  de  toutes cultures,  de tous  horizons, de

toutes  puissances.   Ces hommes d'affaires  sortiront riches  de la

seconde guerre mondiale  avant de s'installer  en Extrême  Orient et

aux  Etats  Unis  à  la tête  d'empires industriels  et commerciaux,

bénis par une étrange association composée des  militaires japonais,

d'aventuriers, et des services secrets  des nations  impliquées dans

la course au pouvoir en Asie.  Tsuji maîtrise à la  perfection cette

alchimie  ténébreuse  qui  consiste à entraîner  les hommes  dans de

noirs  desseins à  une époque  où, dès les  années 1900,  les tyrans

affectionnent  les  stratégies  de  guerre  coloniale,  sous couvert

d'industrialisation et de  modernisation, à l'image  de ce  que fait

l'Allemagne.    Pour  sa  part,  le  Japon,  déja,  se   hisse  sans

difficulté  au rang  des nations européennes  par ses  conquêtes qui

irritent  Londres,  Berlin, Paris,  Moscou.  Que  l'on juge  par les

faits : Avec l'entrée du Japon dans le  XXème siècle,  les conquêtes

militaires s'accumulent.  En 1895,  il prend Taiwan  à la  Chine, en

1905  une  partie  de  la  Sibérie  passe  sous  son  contrôle  avec

Sakhalin,  puis,  une  zone de  la Mandchourie.   En 1910,  le Japon

annexe la Corée tandis que les USA  colonisent les  Philippines dans

le sang.  Après la première guerre mondiale, Tokyo alors  proche des

vues de Paris et de Londres,  prend alors sous  sa coupe  les avoirs

allemands, dans les régions chinoises du Shantung, et de  Tsingtao.

Une véritable puissance impérialiste voit le jour  en Asie  du Nord-

Est.    Mais  bientôt,  les  militaristes  japonais   persuadent  un

Empereur  demi-consentant   ainsi  que  les   Princes  de   la  Cour

Imperiale,  selon  David  Bergamini, a entrer  en guerre  contre les

Occidentaux,  et  poussent, sans trop  les contraindre,  disons, les

grandes entreprises commerçantes, les "Zaibatsu",  pour se  lancer à

l'attaque des marchés de l'Asie, et particulièrement  de la  Chine.

La  Chine  qui est,  et, demeurera  tout au long  du XXme  siècle la

grande  priorité  du Japon  qui n'a  de cesse de  la diviser,  de la

réduire,  de  la  meurtrir.    Confiscations,   massacres,  terreurs

inspirées par la police secrète, "la Kempeitaï".   A  l'extérieur de

l'Asie, peu s'en  émeuvent, surtout pas  les Etats  Unis d'Amérique,

qui,  avec  le  Japon,  se  livrent  à  une  coopération commerciale

fructueuse au sortir de la grande guerre de 14-18  et, au  regard de

la balance des échanges commerciaux, beaucoup  à l'époque  sont ceux

qui  font  un  pari  sur  le  dynamisme  du  partenariat  économique

nippo-américain.  Mais l'envie de se battre sera la plus  forte pour

Tokyo et Washington qui se partagent sans honte, et avec  les autres

puissances coloniales de  second rang, les  restes d'une  Chine sans

Empereur,  sans  garde  Manchoue,  sans  loi,  mais affamée  par ces

nouveaux seigneurs de la  Guerre, payés ici  par l'Amérique,  là par

le  Japon.    Le  Japon  voit  comme des  opposants à  ses ambitions

hégémoniques  asiatiques  toutes  les  nations,  européennes  et les

Etats Unis, qui tentent de mettre un pied en  Chine, forts  de leurs

missionnaires,   de   leurs  émissaires   divers  et   pas  toujours

désintéressés,  auprès  des  autorités  d'une  Chine   déchirée,  en

miettes.  Une étonnante alliance de la destruction  se met  en place

et  guette,  accentuant  le  malheur de  la Chine,  qui renouvellant

néanmoins  plus  tard,  accueillera  sans  outrage  les  exaltations

maoïstes.

 

Ainsi   se   noue    progressivement   une    garantie   d'alliances

impérialistes  appuyées  par  des  armées  qui  servent  des nations

assoiffées de  richesses prêtes  à mettre en  pièce la  grande Chine

Impériale  millénaire,  défaite  par  ses  luttes  de  clans  et  la

corruption...Images ô combien actuelles...  Au début des  années 20,

face à ces  compétiteurs et impétrants  venus d'Occident,et  livré à

cette invasion coloniale, le  risque pour Tokyo  est alors  grand de

se   voir  couper  ses   routes  d'approvisionnements   en  matières

premières venant du nord de la Chine.  Une frustration  qui commence

à devenir  insupportable pour les  jeunes militaires,  éduqués selon

les  thèses  de  la  guerre  éclair allemande.   D'autant  que, dans

l'intervalle,  les  gouvernements  civils  de  Tokyo  favorisent les

entrepreneurs des "Zaibatsu" fascinés par  les traités  de stratégie

de Sun Tzu, prompt en ruptures d'alliances et en traîtrises  en tous

genres.    L'armée  japonaise   créera  progressivement   des  corps

militaires dévoués à  la cause  de la purification  née du  culte du

shintoïsme,  et  qui seront  prêts à prendre  le pouvoir  aux civils

après  plusieurs campagnes  d'assassinats et  d'intimidations, alors

que la dépression financière des années 30  enflamme les  colères de

l'archipel.    A  leur  obsession  pour  le  contrôle  des richesses

vitales de l'Asie du  Nord-Est et ses  minerais s'ajoute  une sourde

haine  des  Occidentaux  qui  sont coupables,  estiment-ils, d'avoir

provoqer  ces   crises  économiques.     Crises  qui   souillent  et

affaiblissent  l'autorité d'un Japon  Impérial nourri  de propagande

quant  à  ses  origines célestes,  vouées au culte  de la  déeese du

soleil Amaterasu dont chaque  japonais se croit  l'enfant...   Et le

symbole  de cette  haine naissante, est  personnifiée par  une armée

d'invasion, un état dans l'état,  dirait-on fin du  XX s.  Une plaie

ouverte dans la vie  du Japon, incarnée  par "l'armée  du Kwantung",

en fait  originaire de la  zone de  Tokyo, dans le  Kanto.   Elle va

gérer le nord-est de la Chine, la Mandchourie, dès 1919.   Disposant

d'un commandement totalement  autonome de Tokyo  et placée  à l'abri

des contrôles politiques de la Diète Japonaise, l'armée  du Kwantung

se  livre  à des  massacres en  toute impunité et  sous le  motif de

contrôle "sécuritaire" pour  reprendre une expression  de la  fin du

XXème siècle.  Mais aussi, elle  va se livrer  sans honte  au trafic

de l'opium et de l'héroïne, et à l'extorsion d'argent, de  terres et

de  propriétés.   Car  le mensonge et  la falsification  sont encore

dans les moeurs de l'époque.  N'est  ce pas en  1931 que  l'armée du

Kwantung   provoque   le  célèbre   "Incident  de   Mandchourie"  en

dynamitant  la  voie  ferrée  des  chemins  de  fer  du  sud  (de la

Mandchourie) et en attribue l'attentat à des soldats chinois ?   Les

conséquences sont connues avec l'occupation de Moukden par  le Japon

et  le  début  de  la  grande invasion  de la Chine.   Il  faut bien

appréhender  la  portée  de  cet  événement  avec  cet  "Incident de

Mandchourie"  car  il  est l'oeuvre d'une  petite poignée  de jeunes

officiers  japonais  déterminés  à oeuvrer  pour l'Empire  du Soleil

Levant comme par exemple notre futur "colonel  Tsuji Masanobu".   Ce

sont les hommes à ses ordres qui ont  déposé les  charges explosives

sur la voie  ferrée Mandchoue.   Tsuji et  son fidèle  ami, Ishiwara

Kanji, lui  aussi diplômé de  l'académie militaire,  sont totalement

dévoués  aux  thèses  de  Clausewitz d'une  guerre d'ensemble.   Une

guerre  totale  dont  ils  adaptent,  voire japonisent  les concepts

grâce  à  leur "essence  collective" purement  nippone. Destruction,

purification,  suppression  totale  de  l'ennemi  sont   les  thèses

défendues alors par ces jeunes officiers.   Sans oublier  le suicide

rituel aux  effets mythiques.   Ces officiers  ont la  certitude que

seul  le  Japon  peut  et  doit sauver le  monde entier  des erreurs

idéologiques et  des mauvais effets  de la  démocratie parlementaire

qui a vent en Europe et aux Etats Unis.  Ils n'ont  d'autres recours

que  la  guerre  totale  une guerre

totale contre la Russie,  la Grande Bretagne  et l'Amérique.  Ils ne

restent  donc   plus  à  ces   jeunes  militaristes   japonais  qu'à

"incendier" la société planétaire et la forger à de  nouveaux idéaux

comme le forgeron crée l'acier de l'épée du samouraï, le  "Katana".

Tsuji  Masanobu  ne  s'arrête  pas  pour  sa  part  à   ces  simples

considérations philosophiques.  Après l'annexion de  la Mandchourie,

le territoire sert alors de base au trafic d'héroïne,  avec l'accord

des gangs chinois des frères "Ku".  Au  passage, signalons  que l'un

de ces frères "Ku" domine  le trafic de  Shangaï tandis  que l'autre

est associé à  l'équipe du Général  chinois nationaliste  Chiang Kai

shek et qu'il  réussira l'exploit pervers  consistant à  négocier un

accord   entre   l'armée  japonaise,   l'armée  américaine,   et  le

Kuomintang  !  Accord qui  sera respecté durant  toute la  guerre du

Pacifique visant  à produire  et vendre de  l'opium et  de l'héroïne

mais   aussi   des  équipements   automobiles  et   des  équipements

militaires  données  par  les  Etats  Unis à  l'armée de  Chiang Kai

Shek...!

 

En  somme,  un  avant-goût  de  la  corruption  mafieuse  japonaise,

chinoise,coreenne et américaine en Asie  comme ce sera  le cas  à la

libération en Europe, surtout en  Italie avec la  cosa nostra  et la

camora... Exemplaire, les profits de ce  commerce sale  récoltés par

l'armée  japonaise  d'invasion  en   Mandchourie  se   chiffrent  en

centaines  de  millions  de  dollars  par  an   rien  que   pour  la

distribution de  l'opium et  l'héroïne. Le nord  de l'Asie  est donc

bien le point de focalisation des japonais qui s'enrichissent  en or

et argent, et en matières premières grâce  aux efforts  sulfureux de

ses militaires associés aux mafieux japonais et chinois  des triades

et  sociétés  secrètes.    Certains  des  membres  de  ces  sociétés

secrètes  chinoises  ont  d'ailleurs  paisiblement vécu  jusqu'à ces

dernières années parmi nous, et  parfois apparaissent  encore devant

les caméras...  notamment  la famille  de Chiang Kai  Shek et  de sa

femme May Ling, toujours intéressée malgré son  grand âge  à vouloir

dominer l'histoire de Taiwan en l'an 2000, May Ling qui est  UNE des

filles  de  Charlie  Soong.  

 

Charlie Soong, fils de pirate de Hainan, et bel  adolescent sera  éduqué par

les Méthodistes américains militaires des USA, certains  associés au

KKK.  Il se donnera toute sa vie une apparence bonhomme en  quête de

démocratie mais cherchant surtout à réaliser  de bonnes  affaires en

Asie.    Famille  également  associée  par  des  liens   proches  au

nationaliste le "Dr.  Sun Yat Sen".  Charlie,  furieux de  le faire,

avait  ete  contraint,  mis  devant  le  fait  accompli,  de  devoir

officialiser  la liaison  sentimentale du  Dr.  Sun  et de  sa fille

Chin Ling.  Il devra  ainsi financer, ad  eternam vitam,  le célèbre

politicien nationaliste.   Enfin et surtout,  la famille  Soong sera

également  proche  du  Président  américain  Roosevelt, et  aussi de

l'éditeur, le magnat américain des magazines, Henri Luce  de "Time",

"Life"  et  "Fortune".Luce  est  né  en milieu  chinois, il  sera en

permanence le fruit de leur manipulation.  Et  le "must",  c'est que

tout ce petit monde sentant la poudre sera associé  à l'organisation

criminelle de  Shangaï "la Bande  Verte",connue pour  son effroyable

violence.  Surprenante Asie...  Mais poursuivons  notre récit...Même

en pleine expansion de ses affaires,  Tsuji Masanobu  ne s'intéresse

pas  vraiment  encore  à  l'Asie du Sud-Est.   La  meute sanguinaire

attend  son  heure.   Et l'on  est encore loin  de l'invasion  de la

péninsule de Malaisie.  En revanche, accroitre les bénéfices  nés de

l'annexion de la Mandchourie, dirigée en apparence par le  pantin et

Dernier  Empereur  Mandchoue "Pu-Yi",  sur l'ensemble  du territoire

chinois, voila une entreprise  séduisante et  ruisselante d'intérêts

pour  l'état-major  japonais.    Dès  1933,   puis  en   1937  après

l'incident du pont Marco  Polo, dans la  banlieue de  Pékin, l'armée

du  Kwantung  occupe  la  capitale  impériale chinoise,  mais aussi,

Nankin, Shangaï,  Hankéou, et  Canton.  Toute  la côte  chinoise est

aux mains des  japonais, qui refoulent  les nationalistes  de Chiang

Kai Shek vers Chunking où quelques  autorités françaises  jugent bon

de  collaborer  tandis  que le  gouvernement militaire  de Hiro-Hito

installe un nouveau régime fantoche à Nankin sous  Wang Chung  Wei.

Wang dont  une des  particularité ahurissante est  que son  garde du

corps n'est autre qu'un certain "Kodama Yoshio".  Kodama  Yoshio est

le chef de la secte japonaise extrémiste du Dragon Noir, et  son nom

reviendra beaucoup plus tard, cette fois dans  le monde  des Yakuzas

associé  à  la  CIA  et  à  une  certaine  autre  affaire, l'affaire

Lockeed...  A la  fin de  1937, le Japon  Impérial compte  sept cent

mille  soldats  occupant  la  terre de Chine  face aux  centaines de

millions de multiples "coeurs de chine".  Cette invasion  coûte cinq

millions de dollars par jour, elle s'avère  donc être  fort coûteuse

pour  Tokyo  qui,  une année  plus tard, oblige  sa population  à se

rationner afin de pouvoir faire  face à l'effort  de "guerre".   Les

opposants  japonais  seront  durement  punis.   Tokyo  devient alors

surtout  de  plus  en  plus  liée   aux  importations   de  matières

premières,   pétrole,   huiles,   caoutchouc,  et   autres  matières

stratégiques.  Et c'est alors qu'une invasion du sud-est  de l'Asie,

thèse  déja  avancée  par  la  Marine  Impériale, en  particulier en

Malaisie,  constitue  la  préoccupation  de l'état-major  de l'armée

japonaise.    On  connait  la  passion  du  Prince  Kuni,   pere  de

l'Imperatrice,  champion  de  la modernisation de  la Marine  et des

forces aeriennes qui a transmis sa passion et sa  vision militariste

au grand Amiral Yamamoto, jeune et  athlete tacticien  hors-pair qui

a fait le succes de la Marine Imperiale Japonaise.  C'est la  que va

de  nouveau  entrer  en  piste  "l'Homme  Fauve",  le  colonel Tsuji

Masanobu qui devient  le maitre-d'oeuvre de  l'attaque de  l'Asie du

sud  est,  riche  en  minerais,  hommes  et  cultures!    Sa  thèse,

habituellement  défendue  comme  l'on a pu  le voir  auparavant, est

l'attaque éclair.  Le "Blitzkrieg" cher aux Prussiens.   Une attaque

éclair  aussitôt  suivie  d'un plan de  paix imposé  sans concession

accordant  au  Japon  toutes  les  importations  et  livraisons  des

articles,   produits   de  base,   denrées  et   matières  premières

nécessaires à ses impériales nécessités.   Là encore,  les relations

mafieuses du colonel Tsuji entrent en ligne de compte.

 

Pour  surveiller  mais également tirer  profit des  efforts produits

par les quarante mille japonais expatriés en Asie du  Sud-Est depuis

le début de l'ère de modernisation Meiji de  1868, le  colonel Tsuji

Masanobu  confie,  aux  nationalistes  du Dragon  Noir, un  droit de

contrôle  sur  les opérations  de livraison.   C'est ainsi  que l'on

retrouve le nom de  "Iheiji Muraoka".   Muraoka livre  aux expatriés

japonais  qui  refusent  totalement  de s'assimiler  aux populations

indigènes,  des  jeunes  filles  japonaises, chinoises  ou coréennes

connues  sous  l'abominable appellation de  "Femmes de  réconfort".

Employées pour certaines d'entre elles par  les services  secrets de

l'armée  japonaise  durant  la  colonisation et  la guerre  au titre

d'espionnes,   elles   constituent   un  extraordinaire   vivier  de

renseignements   et   d'informations   couvrant   de   la   Chine  à

l'Indonésie.    Toutes  ne  sont pas pas  que victimes  battues, car

certaines  feront  des  carrières  étonnantes  dans   leurs  nations

respectives,  une  fois  la guerre  terminée...Le Chef  des services

secrets chinois  Kang Sheng,  notamment, a été  très habile  dans le

retournement de ces prostituées à la cause communiste alors  que peu

d'entre elles, il est vrai, étaient libres  de leurs  mouvements...

Mais le mouvement de résistance le plus  ardu pour  les envahisseurs

japonais vient de l'opposition invisible mais bien tenace  émise par

les chinois d'outre-mer et leurs sociétés secrètes, les  triades qui

contrôlent tout le commerce asiatique.  Il  faut donc  s'allier avec

les chinois, décide le colonel Tsuji, qui sait aussi bien  manier la

diplomatie  que  la  force.   Or, les  massacres sur  leurs familles

commis  au  titre de  l'invasion en Chine  ont dissuadé  les chinois

d'outre-mer  d'épauler  le  moindre  des  gallonés japonais.   C'est

ainsi  que commence  une série de  pressions d'abord  aimables, puis

contraignantes imposées par les militaires  japonais.   L'exemple du

riche  marchand  chinois  "Tan  Ka  Ti" et  ses comptoirs  sur toute

l'Asie  allant  de  Fuzhou à l'Indonésie  est typique  des réactions

d'hostilités compréhensibles de la communauté  chinoise d'outre-mer.

  En effet, "Tan"  aide ses  familles en même  temps qu'il  aide les

nationalistes de Chiang Kai Shek dans leur  effort de  guerre contre

le  Japon.  Ainsi,  on peut  chiffrer la somme  de sept  millions de

dollars d'aide  apportée en  1941 par les  Huaqiaos au  Kuomintang.

Mais ces derniers comme "Tan"  sont loin, avec  Chiang Kai  Shek, de

se reconnaître dans l'esprit du fondateur de  la Chine  moderne, Sun

Yat  Sen.   "Sun"  tant vénéré  mais qui devra  sa réussite  au fait

d'avoir été épaulé financièrement par la famille "Soong",  avec T.V.

  Soong, frère  de Madame  May Ling Soon  devenue Madame  Chiang Kai

Shek,  et du  père, Charlie  Soong le magnat  membre d'une  des plus

violentes sociétés secrètes chinoises et qui fut aussi le  fils d'un

pirate de Hainan...  Face aux désordres, face aux exactions et  à la

corruption du Kuomintang, ces chinois ont  souvent préféré  virer de

bord   et  soutenir   financièrement  l'organisation   ordonnée  des

communistes de Mao Zedong et non les  vilenies mafieuses  des armées

de Chiang Kai Shek.  Un manque à gagner  qui enrage  Chiang lui-même

et entraîne une répression sévère contre les intérêts  des patriotes

chinois  sans  omettre  la  dénonciation  qui   est  faite   par  le

"généralissimo"  lui-même  contre  Tan  Ka Ti, qui  est un  peu trop

rapidement  assimilé à  un "communiste". Avec  l'effort de  guerre à

soutenir,  le  colonel  Tsuji Masanobu,  entre quelques  meurtres et

répressions, voit néanmoins en Tan  Ka Ti, l'un  des symboles  de ce

pouvoir incomparable que confère l'argent aux chinois  d'outre-mer.

La stratégie  de Tsuji  n'aura donc de  cesse de  s'approprier leurs

biens alors répartis dans un triangle  reliant Singapour  et Manille

à Rangoon, où l'on reparlera plus  tard du pays  des Shans.   Etabli

sur ces marches témoins des drames de l'histoire  va progressivement

se constituer un épouvantable marchandage assorti de  massacres avec

en  toile  de  fond  un  peu   floue  l'apparition   de  personnages

historiques dont  celle d'un président  des Etats-Unis  d'Amérique.

Un  Président  lié,  le voulait-il ou  non, aux  activités mafieuses

chinoises,  sujet  aux  agissements  de  l'armée  japonaise  et  aux

détournements  d'intérêts  stratégiques  des  forces   alliées  mais

également uni  à la  corruption de ses  armées travaillant  avec les

nationalistes de Chiang Kai Shek.  Un tableau affligeant  daté, sans

omettre  le  rôle  éminent  joué  par  le  commerce  de  l'opium  et

l'héroïne qui serviront, nous le verrons,  de source  de financement

occulte  à  des  opérations  politiques  et  militaires visant  à la

reconquête des "colonies" asiatiques par l'Occident...

 

Chapitre Quatre: "Les Alliances maudites"

 

Tandis que vaillante, la Prix Nobel  de la Paix  "Aung San  Suu Kyi"

poursuit  son  oeuvre  de démocrate  et d'opposante  au gouvernement

militaire, narco-trafiquant, de Birmanie,  les économistes  du monde

entier  se  penchent  au  chevet  du  malade.    Rangoon  ou Yangon,

capitale d'un  état criminel  plongé au coeur  des trafics  les plus

dangereux  qui soient  avec: L'Opium recueilli  sur près  de 300.000

hectares de plants de pavot décrits par  les Nations-Unies,  et dont

les propriétaires majoritaires, de grands trafiquants sur  le marché

international,  sont  depuis  1997  les   "Wa";  l'héroïne   et  les

amphétamines  acheminées  par  les  trafiquants   souvent  d'origine

chinoise  des  quatre  frontières  de   Chine,  Laos,   Birmanie  et

Thaïlande;  la  déforestation  massive  au  profit  de l'exportation

organisée par les militaires Birmans qui ont passé des  "deals" avec

les dirigeants des Etats voisins tels  les Généraux  Thaïlandais; la

contrebande  de pierres  précieuses; la vente  de jeunes  filles aux

réseaux internationaux de prostitutions (ne voit-on  pas apparaître,

en 1998, à Londres, dans  les plus beaux  quartiers de  la capitale,

des  cabines  téléphoniques ensevelies  sous des  photos aguicheuses

assorties de numéros de téléphones où l'on  promet de  rares extases

offertes par de jeunes et très dévouées Birmanes  ?) ces  réseaux de

prostitution  qui  n'ont  jamais  été  aussi florissants  que depuis

l'éclatement de la crise économique asiatique de Juillet 1997.   Une

situation  dont  se  moquent  pas  mal,  en  Birmanie,   les  géants

économiques pétroliers et gaziers  américains, japonais  et français

ayant  reçu  toutes  les  garanties et  assurances des  plus grandes

banques sans oublier  le soutien  de la Chine  bien décidée  à créer

ses  propres  ports  militaires sur l'Océan  Indien.   Une situation

cynique  mais  qui  tend  à émouvoir,  par gêne  politique, quelques

responsables gouvernementaux, assaillis par des  rapports accablants

au point de sensibiliser la junte.

 

Ainsi va la  Birmanie.   Dans l'attente du  grand nettoyage  à venir

que vont entreprendre la Chine, le Japon et les  Etats-Unis, ceux-ci

alertés par une DEA de plus  en plus bruyante,  aussi bien  pour des

raisons économiques  (transports) et énergétiques  que "  d'image ",

la Birmanie vend ses enfants victimes des ambitions néfastes  de ses

généraux,  aux  entreprises étrangères  pour construire  des routes,

des usines, des camps de prisonniers.  Combien  de temps  encore ces

"alliances    maudites"    devront-t-elles    durer,    nées   d'une

décolonisation   Britannique  ratée  dès   la  première   journée. 

Décolonisation manquée mais qui était vouée à l'échec en  raison des

risques évidents de conflits intérieurs entre ethnies,  dirigées par

les  "héritiers  déchus",  et les  aristocrates birmans  connus sous

l'appellation  des  "KKY".   De plus, chaque  seigneur de  la guerre

désirait régner parmi les chefs historiques tels  Khun Sa,  Lo Hsing

Han, et parmi les officiers vaincus assassins et corrompus du  KMT.

Le  tout  dans  un  contexte historique  aux parfums  romantiques de

guerres de  libérations nationales pour  mieux masquer  les égoïsmes

fondamentaux de bandes armées, en uniformes crasseux et  dirigées de

temps  à autres  par des  criminels ou par  des analphabètes  ou des

pantins  comme  le  général  Bo  Mya,  chef  des Karens,  que "Asian

Gazette" a pu rencontrer sur sa  base déchue proche  de Mae  Sot aux

confins de la Thaïlande et de  la Birmanie.   Ces chefs  armés, dont

bien peu bénéficient de  convictions humanistes  précédaient, époque

oblige,  les  "Taïpans",  le  plus souvent  encensés avant  la crise

financière  et  dont  on  sait  aujourd'hui  par  des  indiscrétions

électroniques  qu'ils  sont devenus de  véritables chefs  de Triades

enregistrant des sommes colossales grâce  au trafic  de stupéfiants,

d'armes,  de personnes.   Des  noms comme Li,  Kuok ou  Ma résonnent

maintenant  assez  bruyamment  aux oreilles  des services  de contre

espionnage...Mais  au  fait!  Cette  terrible dérive  sanguinaire et

criminelle, n'était-ce pas l'objectif  cynique avoué  des diplomates

notamment Britanniques ?  N'ont-ils pas d'ailleurs  récemment engagé

la défaite économique de  Hong Kong juste  avant la  rétrocession de

1997 ?  A en croire les commentaires  acerbes du  dernier Gouverneur

Patten  à  l'encontre  de  son  administration  et  de  ses  anciens

dirigeants comme Sir Craddock...accusé de  double-jeu...   Là encore

il  est  important  d'effectuer  un  voyage  dans  le  temps  et  de

s'imprégner  d'extraordinaires  récits et  produits d'investigations

réalisés par des auteurs tel Christian  Gooden dans  "Three Pagodas"

paru chez Jungle Books-Halesworth, ou bien  du Journaliste  Gerald.

L.  Posner dans  son "Warlords of  Crime, Chinese  Secret Societies:

the  new  Mafia", paru  aux éditions  Mac Donald &  co et  dont nous

citerons quelques  passages: ..."En Asie  du sud-est,  non seulement

les britanniques et les français engagés dans  le trafic  de l'opium

ont entraîné des populations entières dans une  consommation esclave

des drogues, mais ils ont aussi, par conséquence logique,  voulue ou

non,  créé  des  réseaux  de  contrebandes.    A  cette  époque, les

administrations  coloniales  ne craignaient  donc pas  de récupérer,

(comme lors des guerres de l'Opium en Chine) des  profits importants

le  plus  souvent  exportés  vers  les  métropoles.  Si   les  Etats

occidentaux ne travaillaient pas directement sur la  distribution et

la vente de l'opium.  Cette "activité" revenait le plus  souvent aux

marchands  d'opium  établis sous  licences et  autorisations émanant

des monopoles étrangers...." Des  marchands qui  sont invariablement

Chinois, du continent et surtout d'outre mer.

 

Alors   bientôt,   avec   l'aval   reçu  des   autorités  coloniales

britanniques  et  françaises,  des familles,  dirons-nous, mafieuses

chinoises  tissent  des  liens  dans  toutes  l'Asie,  de  Rangoon à

Bangkok et de Saïgon à  Shangaï et tirent  une grande  expérience de

la gestion de ces trafics au  point que l'apport  des Triades  et de

leurs criminels et de  leurs financiers sont  les éléments  clés qui

permettent  ensuite l'explosion gigantissime  de la  vente d'héroïne

intervenue dès la fin de la seconde guerre mondiale...   L'heure est

propice aux  retournements d'alliances.   L'Asie du  sud-est connait

de véritables bouleversements.  Les  Britanniques retournent  à Hong

Kong  pour  se  heurter  maladroitement  aux Triades  chinoises sans

espoir  de  réussite.    En  Chine devenue  Populaire, les  vents de

l'Histoire assoient au pouvoir les  fidèles révolutionnaires  de Mao

Tsé Toung, l'Angleterre accorde son indépendance  à la  Birmanie...

et la France seule et  surtout mal informée  de la  situation réelle

de  ses  colonies  lointaines  ne  comprend  pas  son   problème  et

s'agrippe  à  l'Indochine.    Une  Indochine  transformée,  rebelle,

intransigeante et bientôt incendiée par  le désir  d'indépendance né

de   "sa"   grille   de  lecture   des  philosophes   européens,  de

l'émancipation  prônée  par  les  révolutionnaires  et  enrichie des

idéaux   fédérateurs   de   quelques   intellectuels   et   quelques

francs-maçons  des nations  occidentales.  C'est  donc dès  lors que

les réseaux de  renseignements français et  américains se  livrent à

de terrifiantes activités clandestines qui auraient une  juste place

dans les meilleurs livres d'espionnage.  Des  opérations dangereuses

et  souvent  malveillantes hélas.   Elles seront  déterminantes dans

l'origine  de  la  création  des  réseaux  de  Triades.   Celles qui

exerçent  presque  naturellement  leur  ahurissant trafic  de drogue

depuis  la  région  du  Triangle  d'Or de Thaïlande,  du Laos  et de

Birmanie.  Les espions  Français en effet  passent des  accords avec

les producteurs et  vendeurs d'Opium afin  de pouvoir  financer leur

guerre politique très coûteuse contre Ho Chi Minh.  Quant à  la CIA,

obsédée par la menace d'un communisme monolithique, elle  prête main

forte  en  accordant  de larges  financements aux  contrebandiers et

criminels mafieux impliqués dans  le trafic d'opium.   Un  seul but,

une seule raison  presque irréfléchie ou  insensée: il  faut dresser

un barrage au communisme  et endiguer son  expension dès  les années

d'après-guerre.  Les politiques  mises en place  dès ces  années par

les services  secrets occidentaux ont  bientôt transformé  la région

du sud-est asiatique en un gigantesque centre mondial  de production

d'héroïne  et  de   contrebandes  sous  toutes   ses  formes.     En

particulier,  celles  qui cinquante  années plus  tard, empoisonnent

directement les nations  occidentales qui sont  bien à  l'origine de

ces  stratégies  machiavéliques  aux  noms de  "drogue, criminalité,

vol,  terrorisme,  maladies  incurables".   Le  "choc en  retour" en

somme...  Dans notre prochaine grande aventure  d'AsianGazette, nous

devrons évoquer  directement "Opération X"  ainsi que  la conception

et  l'organisation par  les services secrets  Français du  trafic de

stupéfiants  et  parlerons  des  manipulations  pratiquées  sur  les

nations et les ethnies asiatiques.  Ces dernières, bon gré  mal gré,

vont  tenter de  défendre leurs espaces  de liberté,  leurs fragiles

territoires   ligotés   à   leurs   ambitions  désavouées   par  les

puissances, avant de devenir les cobayes bientôt  mortelles victimes

des alliances maudites...

 

Chapitre Cinq: "Les pirates de Saïgon"

 

Une fois l'opium interdite de séjour au début des années 50  par une

administration  hantée par  des révélations  désagréables; certains,

au sein même des  services secrets français,  l'ancêtre de  la DGSE,

décident que le commerce de drogue serait,  dorénavant "underground"

.    Les  militaires  français  estiment que pour  venir à  bout des

vietnamiens du nord, le meilleur remède est  de recourir  à l'emploi

de milliers de mercenaires issus d'une guerre secrète.   Le problème

réside dans le manque de  fonds dans une  France et  des territoires

aux  finances  asséchées  par  les  conflits.   C'est alors  que les

officiers  supérieurs  des  services  secrets  de  l'armée française

décident d'élaborer  les contours d'une  stratégie bien  distante de

la légitimité républicaine.  La création de "l'Opération X"  sera le

bras armé de l'une des  plus impressionnantes  guérillas entreprises

par  un Etat  contre l'idéologie communiste,  quitte à  s'allier une

fois encore aux organisations mafieuses.  De 1951 à 1954,  la France

créé  un  réseau  sophistiqué  de   distribution  de   l'opium,  une

initiative   interprétée   comme   une   manne   inespérée  attirant

subitement   la   loyauté   des   populations  des   hauts  plateaux

Indochinois.    Les généraux français  des services  secrets croient

pouvoir se lier aux combattants asiatiques hostiles  aux populations

du  nord.    On  croirait  contempler  un  récit  tiré  des épisodes

relatant  les  terrifiants  exploits  américano-asiatiques  de Lucky

Luciano; mais il s'agit bien des états de services d'une  poignée de

responsables français déstabilisés, incultes et racistes.   En effet

pour quiconque vit en Asie, dans les gorges et les  vallées secrètes

de régions inaccessibles, il est aisé de lire  dans les  pensées des

montagnards   brutaux   voyant   se   profiler  devant   leurs  yeux

incrédules,  la  solution  subite à tous  leurs échecs  et vexations

territoriales.    La  stratégie  française  est  alors  la suivante,

terrifiante d'absurdité: Chaque année, à  la récolte  de l'opium,les

agents  supplétifs  des  services secrets achètent  la drogue  à bon

prix  auprès  des  tribus  des  hauts  plateaux  indochinois.   Pour

transporter  "sans  tracasserie policière  ou douanière"  les lourds

chargements de la drogue les trafiquants  stockent les  convois dans

des barraquements appartenant  à l'armée française.   Puis  la rogue

est  envoyée  par  camion  à  Saigon,  et  est  remise  au  Gang des

Rivières, le syndicat du crime, la mafia locale, qui  collabore avec

les services secrets.  Ce sont ces pirates du Gang des  Rivières qui

transforment l'opium dans deux grands  laboratoires de  Saigon, puis

en distribuent une grande partie dans  les antres  spécialisées dans

sa consommation, les fumeries, et remettent  le reste  aux marchands

chinois  liés aux  Triades.   C'est alors que  le Gang  des Rivières

partage  le  bénéfice  des  ventes  de  l'opium  avec  les  services

spéciaux  de  l'armée  française.    Résultat  éclatant,  mais  pour

combien  de  temps?   "L'Opération X"  permet donc  d'intensifier la

guérilla  anticommuniste  entreprise  par  les  militaires  français

auxquels se rallient plus nombreux, les tribus des hauts  plateaux.

Du moins,  aussi longtemps  que les chefs  de tribus  reçoivent leur

"écho" , majoré de primes pour leur trafic d'opium.  Il ne  faut pas

attendre bien  longtemps avant  que le processus  se grippe  car les

tensions au coeur  des services secrets  existent et  certains, plus

incisifs que d'autres, décident d'injecter  de nouvelles  équipes de

"middlemen" qui n'ont rien à voir avec les  ethnies des  montagnes.

Les  tribus  se  fâchent  devant  le  manque  à  gagner   mais  sont

superbement ignorées par l'armée.  Conséquences rapides:  les tribus

"lâchent"  les  militaires français puisque  l'argent se  raréfie et

cela demeure l'une des multiples raisons  pour lesquelles  la France

perd alors tout  soutien venant des  populations des  hauts plateaux

indochinois.    Il  est  donc  possible de dire,  estime Gerald  L.

Posner,  que  la  politique  des  services  secrets  français  et de

l'armée a contribué  à l'effacement  de plus en  plus profond  de la

présence française en Indochine.   Les "Méos"  , l'un  des puissants

bras  armé des  mercenaires français en  Indochine, sont  si furieux

après les militaires français,  que progressivement,  ils permettent

aux  nords vietnamiens  une entrée moyennant  finances et  biens sur

leur  territoire.    Ceux-ci  s'infiltrent progressivement  dans les

montagnes  et  la  jungle,  et   entourent  bientôt   les  garnisons

françaises.  Une ignorance de la situation locale réelle  par l'Etat

Major  français,  coutûme  encore  bien présente  35 ans  plus tard,

devait directement influencer l'impréparation des  unités françaises

vouées à la boucherie. L'illustration sans  doute majeure  se trouve

dans  cet  épisode historique  et ô combien  tragique de  "Dien Bien

Phu"  où  l'armée  française  est  écrasée  par  les  canons  et les

mortiers  des  soldats  nord  vietnamiens.    Sans  la  présence des

alliés" Méos" , la France courbe la  tête et dépose  les armes  le 8

Mai 1954, l'armistice est signé avec le nord deux  mois plus  tard.

Les français de la métropole, patriotes  et démocrates,  médusés par

cette défaite, et ignorants des tractations  qui sont  pratiquées en

leur nom,  n'auront jamais  le pouvoir d'accès  à ces  tristes faits

qui  font   mal  et  dont   beaucoup  encore   aujourd'hui  refusent

d'admettre l'évidence : Une absence  de connaissance et  de rapports  

du terrain clairement   constitués   par   des   spécialistes.

 

"AsianGazette"  a  entendu  de  troublants  témoignages  évoquant la

crainte,   à  l'époque,  d'une   déstabilisation  de   la  politique

française.  Il serait intéressant de  décrire ultérieurement,  et en

se  basant  sur  des  révélations  et non  sur des  communiqués, des

sentiments  de  trahisons  ou  des mensonges,  les attitudes  et les

comportements  des  personnalités  et  des  dirigeants  français  de

l'époque en Indochine.   Car  ce n'est pas  seulement la  défaite et

l'abandon  de  territoires  acquis par le  colonialisme dont  il est

question et dont on abreuve, une larme aux yeux  ou avec  le scalpel

de la révolte en main , tous les étudiants et  la pensée  publique.

Ce  dont il  est question  alors c'est qu'en  1954 la  France perdra

définitivement son pouvoir géopolitique en Extrême-  Orient.   Et ce

qui  est  plus  grave  encore  pour  les  acteurs de  ces politiques

cyniques,  c'est  la  perte  d'immenses   profits  générés   par  la

production et la vente de la drogue.  Des profits qui ne  seront pas

perdus pour tout le monde!  En effet, la drogue,  l'opium, l'héroïne

et ses appétits,  voila qui  va donner lieu  à un  affrontement armé

extraordinaire entre les services secrets français,  les trafiquants

et chefs de Gangs et de Triades indochinoises  et...leurs homologues

de l'armée américaine.   Une Amérique qui  ambitionne de  dominer le

monde.    Cet  épisode  unique  dans  l'histoire  sera  le  prochain

chapitre  d'une  "autre  Histoire"  rapportée  grâce  à  de nouveaux

témoignages et documents découverts  par "AsianGazette"  alors qu'en

1955,  la  production  de  drogue  s'amplifie en  Extrême-Orient, en

proie à une crise  politique et économique  majeure et  à l'ambition

déchirante des Organisations de l'Ombre et des Groupes Mafieux.   Un

scénario  qui,  une  fois  encore, ressemble  à s'y  méprendre, n'en

doutons-pas, à celui qui prévaut en 2000...

 

Chapitre Six: "Le Palais des Miroirs"

 

Le mépris!  C'est bien  le mépris, la  vantardise et  l'ignorance de

Paris qui ont donc précipité les services  de sécurité  d'une France

enlisée en Indochine dans une guerre sale  et aux  méthodes confuses

d'asservissement.    En  rejetant  l'étrange  alliance  des services

secrets de l'armée française et des  tribus montagnardes  "Méos", le

trafic de  drogue inspiré  par des militaires  aux abois  a entraîné

des conséquences dramatiques  pour les français.   Après  la défaite

de  Dien Bien Phu  et la  reddition française du  8 Mai  1954 suivie

deux mois plus tard par l'armistice,  une autre  puissance coloniale

se prépare à  engranger les bénéfices  de l'expérience  des services

secrets  français, engagés  dans la contrebande  de l'opium.   C'est

l'Amérique.    L'Amérique,  en  effet, depuis le  China Lobby  de la

famille  "Soong"  veut  régner  en  Asie.   Les agents  secrets US

suivent avec attention "l'Opération X" montée par les  français pour

détourner  l'argent  de  la drogue afin  de contrer  les communistes

asiatiques et maintenir sa  présence en Asie  alors que  Paris donne

des  signes  d'impatience  face  aux   colonies  "enragées".     Une

politique  que  les américains  ont vite assimilé  car le  trafic de

l'opium s'avère être le moyen permettant de développer  les finances

des services secrets de  la CIA, encore  jeune depuis  sa succession

en 1947 à l'OSS et pour cela va s'assurer de  la loyauté  des tribus

"Méos".    La  CIA qui  n'a donc qu'à  remplacer les  français, sans

angoisse  d'une  riposte.    Les  américains  préparent   pour  cela

l'insurrection des montagnes du  Laos et du  Viet-Nâm afin  de faire

rampart aux idées  venues de  Pékin et Moscou  et ils  expédient des

agents d'influence et de désinformation.  Selon l'auteur Gerald  L.

Posner, ils offrent  au Colonel Français  chargé de  l'"Opération X"

de travailler pour eux et de maintenir le trafic  de l'opium  à leur

avantage.  Ce Colonel peu regardant sur la morale, pensait  alors ne

pas conserver toute sa liberté et autonomie, il a  finalement refusé

cette  offre  cynique.   L'armistice signé, cela  veut dire  que les

français  se  retirent  de  la  partie  nord  du Viet-Nâm,  avant de

décider  un  référendum  en 1956.   Dans l'intervalle,  les services

secrets  de  l'armée  française  maintiennent  leurs  opérations  de

production  et  de contrebande  d'Opium dans la  partie sud  du pays

avec les trafiquants et les pirates du Gang des Rivière de  Saïgon.

Voila qui garantira un profit immense venant de  la drogue,  du jeu,

et  de  la  prostitution  et  c'est  alors tout  ce qui  importe aux

quelques militaires en charge de l'opération à Saïgon.  Qui  a parlé

de  hautes stratégies  politiques à des  militaires au  sortir d'une

guerre mondiale éprouvante et qui se retrouvent au bout du  monde, à

Saïgon.  Saïgon!  Le symbole de l'exotisme de pacotille,  évoqué par

l'auteur à succès Emmanuelle Arsan, qui  en transplantant  à Bangkok

un récit sur  les moeurs  libérés issus d'un  érotisme de  façade de

quelques  diplomates  et  hommes  d'affaires français  en Thaïlande,

donne une image  de ce  qu'était aussi la  vie sous  les palétuviers

d'avant Hô-chi-Minh-ville.  Cette perversion ou  ce "mal  de l'âme",

avait pour cadre fort en couleurs le "Palais des Miroirs"!   La plus

grande entreprise de prostitution jamais organisée au monde  et dans

l'histoire, même dans le Shangaï des années 30!   On y  complote, on

y vit et l'on s'y  fait broyer,  on y meurt  parfois sans  extase et

dans d'horribles tourments.   A Saïgon,  le printemps  est éprouvant

et   le   climat  ne   tarde  pas  à   influer  sur   les  relations

France-Amérique.   Elles se détériorent  beaucoup entre  français et

américains.   La  raison est que  ce référendum  inquiète l'Amérique

peu à peu convaincue de l'inutilité de ses  offensives diplomatiques

lancées  contre les  français.  Et  bientôt, selon  des informations

recueillies  par  les  agents  de  la  CIA,  chacun  sait   que  les

nationalistes vietnamiens  vont remporter haut  la main  la majorité

des suffrages.  L'Amérique ordonne alors à la  France de  sursoir au

référendum.  Mais elle exige également, amérique impériale,  que les

français  cessent les entreprises  mafieuses de  quelques militaires

issus des services secrets, peu convaincus des mérites de  la morale

républicaine.    Cela  est  trop  d'insolence  pour Paris:  Refus du

Sdece!    On  aiguise  les  lames  dans  chaque  camp,  les français

ameutent  les  amis  Corses  et  les  pirates  de  Cholon  face  aux

américains.   Début  1955, les français  mobilisent leurs  alliés du

Gang  des  Rivières  ainsi que  quelques mercenaires  originaires de

Corse.  Les  spécialistes  reconnus dans  le trafic  d'influence, le

jeu,  la  prostitution  et  l'argent de la  drogue, qui  tiennent de

longue  date,  le  trafic  d'héroïne   entre  l'Asie,   l'Europe  et

l'Amérique.      Aussi  en  avril   1955,  un   véritable  bataillon

"patchwork" français voit le jour à  Saïgon, et  progressivement, la

querelle  franco-américaine  se  transforme  en  un  déferlement  de

violence pour un sac d'Opium.

 

On  se  livre  à  une  guerre sanglante  entre militaires,  flics et

trafiquants  mafieux  en  plein  coeur  de  Saïgon.  L'Amérique  est

patronne les  sud-vietnamiens et le  chef de  l'opération américaine

n'est  autre  que  le  célèbre  Colonel  Edward  G.Lansdale.     Les

militaires français vont apprendre à en découdre avec  cet américain

génial  manipulateur,  sans  état  d'âme.  Le  "ton" juste  dans une

telle  guerre  entre  criminels,  barbouzes  ayant  trempé  dans  la

collaboration  nazie,  et mauvais  soldats qui font  face à  de bien

naïves  victimes.    Un  drâme  va  se  jouer  face  aux populations

effrayées sous la baguette  de ce Colonel  américain.   "Lansdale"!

Quelle  réputation  sulfureuse!   "Asian  Gazette" y  reviendra mais

doit, en quelques lignes, tracer les principaux traits  de caractère

de ce redoutable personnage.   Il sera impliqué  en Asie  dans toute

l'histoire de l'espionnage américain d'après-guerre.   Il est  là en

particulier  dans  le  cadre  des  extraordinaires  découvertes  sur

l'affaire de "l'Or de Yamashita" suite au pillage de l'Asie  par les

"Zaibatsu" des Mitsubishi  et Mitsui ou  encore des  sociétés telles

Nissan et moultes entreprises de constructions  et autres  chimies (

en Mandchourie  ) qui  sont servies par  les militaires  japonais et

les  mafieux  de Kodama  Yoshio. Ce pillage  d'Asie sous  forme d'un

vaste trésor évacué  vers le  Japon par des  navires de  guerre dont

certains bombardés et coulés volontairement par l'US  Navy préférant

engloutir temporairement dans  les mers un  trésor de  guerre plutôt

que de le voir servir à la poursuite du conflit.   Cet or,  après la

guerre, aurait permis de reconstruire toute une Asie exsangue!   Les

forces d'occupations américaines en ont  décidé autrement.  Une très

sinistre affaire aux conséquences  déstabilisatrices, de  nos jours,

pour  une Amérique,  loin des idéaux  des pères  fondateurs, régnant

sans partage  en Extrême-Orient  depuis la fin  de la  guerre froide

ainsi que l'écrira Chalmers Johnson.   L'universitaire de  San Diego

qui  donne  parfois  bien  du  fil  à  retordre  aux   officiels  du

Département  d'Etat  et  au  DOD.   Il faut préciser  que "  l'Or de

Yamashita  "  aujourd'hui  encore  suscite  la  crainte  de quelques

dirigeants à Washington et Tokyo, aux  Philippines, au  Royaume Uni,

en  Suisse  et  dans  les  grandes  places  fortes bancaires  car ce

pillage  a  nécessité après  coup la protection  des Yakuzas  et des

soldats japonais d'abord, des  milieux financiers  internationaux et

des banques ensuite, ainsi que du "cover-up" du  dictateur Philippin

Marcos,  prenant  sa  part  du  magot,   soutenu  par   les  anciens

locataires de la Maison Blanche, celle-ci ayant longtemps  fermé les

yeux sur les crimes et la barbarie du dictateur Philippin et  de ses

chefs  de  Sécurité.    Toute  cette  affaire  serait,  de  par  son

envergure, en mesure de bousculer quelques données  géopolitiques en

Asie  si  des pressions extraordinaires  devaient être  exercées par

les dirigeants Chinois de Pékin.   " Asian  Gazette "  constate, par

des  sources américaines,  que face  à nos yeux  se joue  la version

"Asiatique",  non  exploitée  par  les  avocats,  de  l'Or  volé aux

populations Juives par les Nazis!  Mais revenons  à Saïgon  dans les

années 50!  Le Colonel Lansdale est le  chef local de  la CIA  et il

va diriger les opérations  de prise  en main du  trafic de  drogue à

partir  du  Palais  Présidentiel!  Tandis  que   face  à   lui,  son

adversaire, le  Capitaine français Antoine  Savani, patron  du Sdece

de  Saïgon,  prend  refuge  dans  le  quartier  général du  Gang des

Rivières.  On ne pourrait être plus "engagé" face  à face!  Durant 6

jours  et  6  nuits,  Saïgon  ne  sait à quel  diable se  vouer, une

bataille rangée et féroce, un véritable combat de rues et  de canaux

où  les  ennemis  s'affrontent maison  après maison,  quartier après

quartier,  dans  un  torrent  de feu et  le crépitements  des fusils

mitrailleurs.    Bien  sûr,  le  sang  coule,  et les  victimes sont

achevées.    Dans chaque  camp, Français ou  en face,  Américain, la

Mafia  et  l'Etat  oublient  pour  une  semaine leur  différence, et

s'unissent  bizarrement  afin  de contrôler les  gains venant  de la

drogue.   Des  scènes cruelles qui  mériteraient quelques  Oscars se

produisent devant les populations dont les  plus fortunées  iront en

fuite vers les montagnes à Da Lat, ou sur la côte.  Au  registre des

"contrats", on voit le Gang des Rivières  promettre une  forte somme

à qui ramènera la tête du Colonel Lansdale.  Il  lui est  annoncé un

suplice à faire frémir ses  gardes du corps  chargés de  le protéger

car  des  meurtriers  sont lancés  à sa poursuite.   Au  point qu'un

message passe alors entre les belligérants: Pas  de survivant!   Les

malheureux perdants  des batailles de  rues seront  tués,éventrés et

leurs  corps  déchirés  à la  hache, la panse  emplie de  boue avant

d'être retournés à leurs armées respectives.   Asie  bienveillante.

Mais les  pirates de  Saïgon s'avèrent être  de mauvais  alliés pour

les français, en raison d'une vie trop  facilement menée  durant des

années  à  boire  le  pastis avec les  barbouzes françaises  tout en

tordant le  coup aux  petits marchands, et,  en séduisant  de jeunes

vietnamiennes vendues au  marché des prostituées.   Dur  labeur pour

les pirates des Rivières car cette fois l'opposant est  américain et

il est motivé.   Après  une offensive éclair  des forces  du Colonel

Lansdale, la CIA et les soldats sud-vietnamiens viennent à  bout des

français.  les Corses se rendant parfaitement compte  de l'inégalité

du combat ne tardent pas à se replier.

 

La France est  alors défaite  pour la seconde  fois sur  cette terre

d'Indochine,  avec  500  morts  durant cette guerre  des 6  jours de

Saïgon, 2 000 blessés, et 20.000 sans abris,  un bilan  qui renforce

le pouvoir de Ngo Dinh  Diem.   Il est le  choix de  l'Amérique pour

conduire la république  fragile.  Impassible,  le féroce  Diem saura

utiliser  le pouvoir  de l'Amérique pour  affirmer son  influence en

contrôlant  lui  aussi  les organisations mafieuses  de Saïgon.   Et

pendant  les  années  qui  vont  suivre,  les Etats  Unis d'Amérique

laisseront carte blanche au dirigeant Vietnamien qui  va s'impliquer

plus encore dans le commerce  de la drogue  ( scénario  identique au

Cambodge et en Thaïlande voisines ).  Le patron de l'armée  de l'air

sud-vietnamienne et Vice-Président Nguyen Cao Ky, décrit Gerald  L.

Posner, devient le "numéro  Un" du trafic  de stupéfiants  et masque

ses activités sous le motif de contre-espionage  anti-communiste par

sociétés  écrans.    Les américains feront  de même,  quelques temps

après à Bangkok, organisant  le trafic à  partir de  sociétés écrans

dont  une située  sur une  avenue ombragée de  Bangkok, non  loin de

l'Ambassade des Etats-Unis.  Elle sera confiée  à un  étrange "trio"

de  commandos-gangsters-espions  que l'on  décrira dans  un chapitre

prochain, tant leurs protections reçues chez  les éléments  les plus

extrémistes  de l'armée  américaine donnent le  frisson.   Mais pour

l'heure, à Saïgon, après 1955, le trafic est  parfaitement organisé.

Le beau-frère du Vice-Président Ky  dirige lui-même  les opérations

depuis  les installations portuaires  et surveille  les exportations

de drogue avec l'aide de  la Triade Chinoise  et des  naufrageurs de

Cholon,  ce  monde  flottant  de  Saïgon  réservoir  des communautés

chinoises d'outre-mer.  Les dirigeants  Vietnamiens se  servent pour

l'exportation des  propres avions fournis  par leur  gouvernement et

transportent  cette  drogue  par  des  camions  de  l'armée,  drogue

venant, scénario immuable, du  Triangle d'Or.   La Triade  de Cholon

négocie  après  quoi  les  prix  avec  les  "frères" des  Triades du

Triangle d'Or qui  surveillent la culture  de l'Opium,  le raffinent

en  héroïne  dans  des  laboratoires  situés  dans  les  jungles des

montagnes  allant  de  la  Birmanie  (  actuel  Myanmar  )  jusqu'au

Viet-Nâm.    Après  quoi,  la  drogue  est  revendue aux  clients de

Saïgon, le reste est expédié vers Hong Kong, la plaque  tournante du

trafic.  Cela s'inscrit  comme un fait  historique depuis  les temps

où  des  hommes  d'affaires  britanniques  se  sont  associés  à des

"compradores"   de  toutes   origines  travaillant,   exemple,  pour

"Jardines" alors en guerre  commerciale avec la  Chine.   (Cela fait

toujours très mal  à Londres,  ce genre de  propos) Ensuite,  à Hong

Kong,  les  Triades  Chinoises se chargent  des expéditions  vers le

reste de l'Asie et les Etats Unis.  A Bangkok aussi se met  en place

progressivement  et  depuis  cette époque,des  points de  passage au

nord ouest, au nord est et au  sud ouest de  la Thaïlande,  avec des

zones  de  stockage  permettant  de  nouveux  bénéfices   grâce  aux

transactions   entre   intermédiaires   politiques   et   militaires

thaïlandais.  Ils accordent leurs  protections, sans  beaucoup qu'on

les y contraigne, aux trafiquants d'autant qu'ils sont  protégés par

de  puissants  personnages militaires  ou policiers  alliés d'alliés

d'une faction  de l'Amérique.   Quant on  peut accéder,  comme l'ont

fait  nos  sources,  aux   documents  confidentiels   des  rigoureux

services  de  l'armée  américaine,  on constate  sans peine  que les

dirigeants du gouvernement corrompu de  Diem passaient  davantage de

temps  à  gérer  leurs portefeuilles de  trafiquants de  drogue qu'à

veiller  aux  bonnes  destinées  d'un  pays  partagé en  deux frères

ennemis.  Aussi, les américains  ne voient pas  alors d'un  très bon

oeil   ces   demi   monarques   chargés   de   "gérer"   leur  lutte

anti-communiste.   Car  tout comme les  français l'ont  appris assez

maladroitement  à  leurs  dépens  après l'avoir  créé, le  trafic de

drogue repose sur  une structure féodale,  ou pyramidale,  où chaque

"soldat" recueille une  partie du profit  généré par  le gigantesque

trafic international de l'Opium.  Peu de candidat, d'où  qu'il soit,

et à quelque niveau social ou hiérarchique  qu'il fut,  résiste donc

aux enveloppes allant  de 5.000 à  500.000 dollars  pour "détourner"

les yeux vers d'autres réalités que celles  du trafic  de stupéfiant

ainsi que "Asian  Gazette" l'a  appris, à Tokyo,  de la  bouche même

d'une  famille  haut placé  dans la fonction  publique ayant  vécu à

Saïgon jusqu'en 1975, très instruite  sur ces  pratiques. Criminels,

les trafiquants ?  Mais aussi  ceux qui les  ont armés,  protégés ou

défendus!    C'est  la réflexion simple  mais fondamentale  que pose

Gerald   L.Posner   par  ses  écrits   et  ses   investigations  qui

aujourd'hui  encore  sont  combattus tant ils  gênent.   Il subsiste

encore des meurtriers résolus à faire appuyer sur une  gachette afin

que se  taisent les  perturbateurs ou encore  pour mettre  en oeuvre

(!) une manipulation  destinée à faire  perdre leur  crédibilité aux

enquêteurs par des  avocats eux mêmes  criminalisés.   Reporter Sans

Frontières  tient  à ce jour  d'excellentes statistiques.   D'autres

journalistes  ont  en  mémoire  l'épisode  survenu  à   "Henri  Liu"

massacré par la mafia issue du KMT.  "AsianGazette"  reviendra aussi

ultérieurement sur ces sujets dans des  chapitres nourris  de "l'air

vicié du temps qui passe" de Taipei, à Manille ou Bangkok.   Posner,

mais  avant  lui  A.    Mac Coy ont  disséqué ces

sujets dans les mondres détails, tout comme, dans une  autre mesure,

David E.  Kaplan.

 

Tous  ont décrit  avec une extraordinaire  précision les  rouages de

ces  trafics,  entrepris  par  la  Terreur  dont  est   capable  une

organisation   mafieuse,  une  triade,   une  camora,   mais  aussi,

n'importe  quel  Etat  au  sein  d'un Etat  ou d'un  groupe, civils,

militaires, fondamentalistes religieux,  dirigeants politiques.   En

Asie si la CIA, au service de  l'Amérique politiquement  divisée sur

le  rôle  à  donner  aux  nations  séduites   par  les   théorie  de

libération, marche en  1955 sur les  traces des  militaires français

alliés aux trafiquants  de Corse,  la CIA a  également armé  le bras

des   guérillas   des   montagnes   auxquelles   elle   promet   des

compensations en nature  et en territoire  sous contrôle  de l'Oncle

Sam.    Air America  a bien illustré  par exemple  l'implication des

services   des  entreprises  privés   travaillant  pour   une  cause

gouvernementale.   Pourtant,  alors que du  Laos, s'envolent  à bord

d'Air America des chargements d'Opium destinés  au Viet-Nâm  du sud,

l'Amérique  elle-même  commence à  entrevoir les  effets dramatiques

générés   par   cette   mauvaise   gestion   d'image    aux   effets

"collatéraux".    Le  président Richard Nixon,  en 1971,  a lui-même

prétendu devoir mener une guerre sans merci contre  "l'ennemi numéro

Un"  de l'Amérique,  à savoir  "l'héroïne" !   Une drogue  qui était

destinée  à  empiler  des  millions  de  dollars  sur   des  comptes

off-shore,  permettant  de  lutter contre  tout ennemi  déterminé et

aussi  contre tout désir  d'indépendance et  d'auto-détermination de

jeunes Etats à peine sorti du colonialisme.   Eternel recommencement

d'une  giga-puissance.    Quant au  communisme et  son interpétation

asiatique par une élite formée  en Europe au  début du  siècle (Deng

Xiaoping  ex-pensionnaire  de   Normandie)  apparaît-il   comme  une

solution  politiquement   stable?    Il   s'est  montré,   dans  son

illustration  passée,  incapable  d'incarner   un  réel   espoir  de

changement dans les sociétés  traditionnelles asiatiques  issues des

bourgs et des systèmes claniques (il a aussi conduit avec  excès une

politique de  non engagement  débouchant sur la  famine en  Corée du

Nord avec  le régime  de Pyongyang qui  transforme ses  habitants en

réfugiés  selon  les  rapports des  organisations caritatives).   Et

survient après le mandat sur l'Inde, la  Chine, et  l'Indochine mené

par les pays colonisateurs issus d'Europe, d'Amérique ou du  Japon.

"Asian  Gazette"  ne  peut que renvoyer  aux écrits  des philosophes

mais aussi pointer le doigt vers les financiers tels  Georges Soros,

les  Hedges  Funds  et  Off  Shore  Funds  capables de  dévaster une

nation,  une  culture,  un  espoir.  L'Opium  et  l'héroïne,  enjeux

extraordinaires  ayant  donc déchaîné les  haines des  Etats, hasard

biologique ou justice des hommes?  Comme un effet  "boomerang" c'est

bien cette même héroïne qui va, nature oblige, détruire  tout espoir

de règne de l'Amérique militaire au  Viet-Nâm, avec  des générations

de GI's drogués  à vie,  tout comme l'héroïne  a contribué  à briser

"net" tout rêve de domination française  en Extrême-Orient  dans les

années 50 à 80.

 

Chapitre Sept: "L'Amiral et le Financier"

 

Une réalité  dont les  peuples d'Asie sont  encore et  toujours bien

conscients  alors  qu'ils  vivent,  telle  une  nouvelle   forme  de

colonisation,  un  ajustement structurel  fondamental mais  lourd en

conséquences  pour  la  stabilité  des jeunes  Etats d'Asie  à peine

émancipés des tutelles.  Un  ajustement nécessaire  selon l'Occident

qui  observe  souvent  et  mène, parfois,  une guerre  aux positions

dogmatiques.    Alors  dans un premier  temps, la  riposte Orientale

prendra  la  forme  d'une sorte de  nettoyage virtuel  "d'Asian Inc"

opéré par les  "Shoguns" et "Mandarins"  des Etats  asiatiques, sans

remetre en  jeu le  moins du monde,  leurs intérêts  particuliers ni

ceux  des opérateurs  des géants de  l'industrie et  des entreprises

d'Asie Pacifique. L'un  des exemples les  plus typiques  concerne la

stratégie  japonaise  permettant  aujourd'hui  aux   entreprises  de

l'archipel  de  retrouver  des  ressources financières  d'une grande

fraîcheur pour ré-équilibrer leurs entreprises criblées de  dettes.

Le  cas  de  "Nissan"  est   intéressant  et   suscite  admirations,

inquietudes et passions :  

 

Renault  a  rencontré Nissan  au hasard  d'autres projets

industriels  américains  et  allemands,  Ford  et  Daimler-Chrysler,

Nissan est  une entreprise  japonaise qui a  décidé d'accorder  à la

firme  française  une  participation dans ses  destinées.   Nissan!

Pourquoi?      Caracteristiques:   Inoperante,   vieille,   avec  un

endettement  de  15  milliards  de  dollars.     Ses   objectifs  de

croissance sont axes sur le long terme.  D'abord, la

forme: la firme nippone acquise pour 37% par  Renault a  protégé ses

milliers   d'employés   japonais   utiles   et  leurs   retraites. 

S'efforcant  avec  plus  ou  moins  de  subtilité, de  maintenir les

fondamentaux  du  consensus  et  du modèle  de stabilité  sociale de

l'entreprise en laissant  un etranger, le  cost killer  Carlos Ghosn

augurer du destin  de 21.000 salaries  pousses d'ici  2001-2002 vers

la porte de sortie.  Nissan a  appelé la firme  au losange  pour son

style de gestion et ses envies de  conquetes, finalement  au dernier

moment,  étant  donné  le  rejet des  autres grands  de l'automobile

internationale.    But?    Permettre  le  changement  des mentalites

economiques  japonaises  et  de tailler dans  le gras  des effectifs

salaries.  La semaine  des 100.000 chomeurs  etait le  slogan arbore

dans  les  luxueux  bars-salons  des  grands  CEO  de sortie  sur la

"Ginza" au moment ou les dirigeants de Renault Nissan  affirment que

"Nissan  a  valeur  de  symbole".    Malheur  a  qui  pretendrait le

contraire, comme on aime le dire avec des  eclairs a  hauts voltages

dans  les  yeux  aux  stands franco-japonais du  salon de  l'Auto de

Tokyo 99, le Tokyo Motor  Show.   Ici on evite  de parler  des couts

sociaux du plan Ghosn tout en sablant le champagne au  premier etage

du stand Renault.  "Inevitable destin" pour des salaries jetes  a la

rue, "on ne va pas s'embarrasser des japonaiseries inutiles"  sur la

notion  de  pays  de  l'emploi  a  vie,  ce  qui  a  l'heure  de  la

mondialisation de l'economie fait  ringuard.  Aussi  sec!   La firme

française   sera   bientôt   contrainte,   pour   exister   au  plan

international,  d'injecter  des  sommes  colossales chez  sa cousine

nippone et ensuite batir un nouvel esprit d'entreprise.  Que  ne pas

faire  pour  devenir  la  quatrieme  firme  automobile mondiale?   A

croire donc que  la stratégie était  engagée, derrière  le paravent,

par les dirigeants politiques  et économiques de  "Japan Inc".   Les

adeptes  de  la  conspiration  vont  apprecier   la  saveur   de  la

strategie, au point que les remarques, vues comme autant  de katanas

lances  sur  Carlos  Ghosn, par le  Premier Ministre  Japonais Keizo

Obuchi craigant pour les  licenciements dans  l'industrie automobile

et  la  sous traitance,  ont donne  bien du vague  a l'ame  chez les

ingenieurs et designers de Renault-Nissan venus  suivre le  Big Boss

Schweitzer au Japon.  Masquant ses  responsabilités en  cas d'erreur

de management de la direction française,  Nissan pourra  exiger plus

tard un droit de  regard sur  la gestion des  affaires de  Renault!

Voila,  une  nouvelle  fois   la  spectaculaire   démonstration  des

stratèges  de  la tactique  d'attaque et de  défense des  cousins de

"Sun Tzu".  Bien sûr, "l'entrepreneur" et qui le  contesterait, doit

etre  audacieux  et justifier les  financements et  les convergences

industrielles  afin  de  ménager quelques  soucis de  carrières tant

dans  l'industrie que  dans l'administration, aidé  en cela  par les

lobbies de presse et d'affaires, voire, par les  clubs d'influences.

  Question  pourtant  votre honneur!   La méthode  "Ghosn" va-t-elle

convaincre,  mieux  que  lors des 3100  licencies de  Vilevorde, les

japonais d'une part et  les marches d'autre  part, de  la visibilite

de l'industrie automobile franco nippone  ?  Trop  tot pour  le dire

mais Carlos a  deja fait  ses preuves.   Merite-t-il le  benefice du

doute?  A noter tout de  meme une serie  de belles  perfomances nees

de cette  union Renault  Nissan encore contestee  par la  moitie des

agences  financieres.    En  effet,  on avance a  grands pas  sur le

chemin  des  nouvelles alliances  strategiques apres  l'accord entre

equipementiers  style  Valeo et  Zexel.  On  peut donc  saluer cette

performance  en  oeuvrant  pour  que  leurs  benefices  soient aussi

splendides  que  ne  l'ont  ete  les  Companion Girls  dansant assez

sulfureusement  au  stand  Nissan  du  Tokyo Motor  Show.   Bref, un

automne 99 de tous  les dangers!  Pourtant il n'y  a pas  péril dans

toutes  les  demeures,  et  pour l'instant donc,  on se  contente de

jouer, dans les salles de repos des  géants économiques  japonais et

dans les "resorts" de ces  groupes, quelques parties  de "Go"  et de

"Shogi", histoire  de se  préparer à la  bataille économique  du 21è

siècle   naissant.      Siècle   de   l'information  et   siècle  du

tri-dimensionnel ainsi que  l'incarnent, apprentissage  ludique, les

derniers gadgets des jeux vidéos.

 

Tandis que  fleurissent, dans les  librairies les  plus fréquentées,

les  dernières  revues  allant  de l'intelligence  émotionnelle, aux

techniques comptables de l'Ouest en  passant par  l'emploi militaire

des  lasers!   Le  mal né  de la crise  financière a  entrouvert des

portes inespérées de mémoire d'entrepreneur  asiatique.   Pourquoi?

eh bien parce que  cette "crise asiatique",  dès le  printemps 1999,

connaissait les premiers signes, timides, d'un apaisement  comme par

évanescence.    Suivi  par  des  taux de  croissances trimestrielles

audacieux.   La nouvelle stupéfiait  d'ailleurs les  investisseurs.

Ce genre d'annonce est d'abord rarement  commentée par  les cabinets

d'études hésitant à ré-évaluer leurs rapports, encore moins  par les

milieux  administratifs,  prélevant  leurs  données le  plus souvent

d'ailleurs  dans  la  presse spécialisée. Ainsi  dans le  courant de

l'automne 99 la tendance à la remontée n'est encore  exposée qu'avec

parcimonie par les  milieux "autorises".   Quant au  véritable motif

de     la    reprise?         En    dehors     des    considérations

géo-planétaires...faisant  perdre  leur  latin  aux  experts  de  la

région les yeux rivés sur Pyongyang, quelques cabinets  avancent une

thèse selon laquelle les obligations de résultat  des établissements

financiers  internationaux  ne  contraignent-ils pas  dorénavant les

décideurs à re-créer un développement  accéléré des  pays asiatiques

en   allant   chercher,   par   exemple,   dans   leurs  entreprises

restructurées qui "tournent", de quoi, dynamiser les  occidentales ?

Et en vendant ce  que le  savoir faire occidental  a de  meilleur.

Thèse  récemment  avancée  par  les  économistes.    Et non  par les

analystes   financiers   amateurs   de   l'économie    casino   avec

sophistication  d'options  et futures tels  Goldman Sachs  et autres

banques suisse, française ou américaine.  Pour ceux là, il  est vrai

que  début  septembre  99  à  Tokyo,  d'aucuns  se   sont  retrouves

brûtalement  licenciés  pour  cause de pertes  "importantes" !   Les

pertes de deux grandes banques  américaines, selon  les informations

dont disposent "AsianGazette", se seraient chiffrées en  dizaines de

millions  de  dollars par  jour.  Erreurs  de stratégies.   Aussitôt

sanctionnées.    C'est  le  carton  jaune.    Preuve encore  que les

analyses des "grands  communicateurs" ne pèsent  pas très  loursd, à

en croire les grandes envolées de 1996 sur  le miracle  asiatique de

la Banque Mondiale et  du FMI, incapables  ou refusant  d'avertir, à

quelques mois près, de la  crise financière de  Juillet 1997?   Sans

aller,  dans  le   registre  de  Maurice   Allais,  le   prix  nobel

d'économie,  convaincu  d'une  nouvelle  et  prochaine conflagration

financière  mondiale  et  qui  se  fait  l'avocat  d'une souhaitable

orthodoxie  de  la  finance internationale, les  Etats de  la région

promettent  plus  de  prudence,  et  font  le ménage,  un "dû"  à la

mondialisation.    Mais  ils  se  préparent  un  droit  de  réponse,

certains  y  verront  un droit  de riposte, qui  surgira de  Chine?

d'Inde?  du  Japon?   Une hypothèse de  "triple alliance"  qui donne

des  cauchemards  aux  analystes   occidentaux.     Actuellement  on

constate  un  nouveau  ton  dans  les  réflexions,  un  ton  parfois

anti-occidental  qui  apparait vivement  dans l'opinion  publique en

Asie, avec une percée souvent très anti-américaine  pour l'économie,

le commerce et la politique et très anti-chinoise pour  les affaires

criminelles  qui  montent  en  flèche  au  point  d'attirer  dans le

Royaume de Thaïlande  le premier Chinois  Jianz Zemin  lui-même venu

donner ses ordres aux vassaux,  mais aussi lancer  le grand  vent de

la  riposte  contre  les  "satans"  adeptes  du  néo-colonialisme. 

L'Amérique,  accusée  d'avoir  la  main trop  lourde, guidée  par le

racisme!  Voila une  thèse excessive mais  bien fréquente  au Japon,

en Chine, en Malaisie, en Thaïlande et  en Corée du  sud.   A Tokyo,

c'est cette crise  de confiance anti-occidentale  qui est  l'une des

raisons de l'élection en Avril 99,  du Gouverneur  Ishihara Shintaro

à  la tête de  la méga-municipalité.   Ce qui  n'a pas  interdit les

modifications Parlementaires des dispositions du Traité  de Sécurité

Militaire  permettant  un  soutien fort dans  la surveillance  de la

région, et ouvrant davantage  de ports japonais  à l'armada  de l'US

Navy.  Quiconque aurait un avis different sur l'alliance  de defense

usa-japon risquerait d'ailleurs d'en payer le  prix fort,  exemple a

ete  donne  avec  le  faucon   nationaliste  Nishimura   Shingo,  un

politicien du parti Liberal de Ozawa Ichiro, en poste a  l'agence de

la defense japonaise.  Nishimura a ete limoge en octobre 99  car ses

declarations sur l'image d'un Japon qui devrait  se doter  de l'arme

nucleaire,  ont  ete  jugees  derangeantes  par le  Premier Ministre

Obuchi.    L'homme  s'etait  deja  illustre en  1997 en  plantant un

drapeau  Hinomaru  lors  de la querelle  territoriale avec  le monde

Chinois  sur  les iles  Senkaku -Daioyutai- Tous  ces propos  sur la

defense  ou  le  nucleaire  sont  assez  mal  venus a  Nagatacho, le

quartier du Parlement nippon, dans le sillage de l'angoisse  sur les

missiles Taepondong de Coree du Nord et sur la criticite  de l'usine

JCO de  Tokaimura.   Des propos juges  deplaces alors  que l'opinion

gemit contre tous les harcelements pour  cause de  crise identitaire

venue   de  la  "crise   financiere".     Pourtant...une  corruption

permanente  et  une criminalite  mafieuse financiere  invisible mine

encore  et  toujours  des  pans  entiers  de   la  société   face  a

l'incapacité des politiciens, statues d'argile articulees,  à sortir

de leurs pots  de vins et  faux débats.   Au point  que les  seuls a

donner  un  serieux  coup  de  tete  etant les  hauts fonctionnaires

nippons "nommes" dans la vie politique et que l'on ressort  lors des

grandes rencontres inter-parlementaires.

 

Et  parfois, il y  a des  exceptions: "Lex dura  sed lex".   Exemple

avec le  Gouverneur de Tokyo  Ishihara, un  écrivain-politicien, qui

est l'élu de la contestation "poujadiste"  japonaise, certes  et qui

est jugé sévèrement par la presse japonaise.   Elle le  présente tel

un  "redacteur"  rêveur,  borné et  incapable d'écrire  ses discours

avant de le traiter de révisionniste qui conteste les tueries  de la

seconde  guerre  mondiale  en  Mandchourie ou  à Nankin.   Ishihara,

porté  par  des  vents  "réactionnaires" est,  avec l'ancien  PDG de

"Sony" le defunt Morita Akio (un ancien  de l'équipe  des chercheurs

de la bombe atomique japonaise), bien connu pour  son droit  de dire

"Non" à  l'Amérique qu'il  accuse de colonialisme.   Son  ambition?

Bouter hors de Tokyo les bases américaines!  Le mélange  des genres.

 

Mais n'est ce pas la règle durant les débats politiques

qui se nouent devant les cameras des televisions, voire

au Parlement?  Moins percutant mais néanmoins tout aussi

hostile aux exigences Américaines, reprises toutes en

coeur par quelques Européens, le Premier Ministre

Chinois Zhu Ronji voudrait bien prendre le rang de

Monsieur "Propre" du Kremlin Chinois avant de donner de

la Chine, l'image de Puissance Géo-Politique de la zone

Asiatique.  L'homme qui fâche si bien les caciques du

PCC, s'est lancé dans diverses campagnes

anti-corruptions visant les élites et les membres du

Parti.  Une autre révolution culturelle entre deux

parodies de procès de la secte Falun gong, pourtant Zhu

Ronji continue de balayer les rouages poussiéreux de la

Chine millénaire, parfois sans convaincre, et rejette

d'un revers de mains, les accusations d'atteintes aux

droits de l'homme en Chine ou d'espionnage industriel et

militaire.  Zhu le Shangaïen, "l'héritier", qui n'hésite

pas à affronter ses ennemis ou à forger de nouvelles

alliances comme on le découvrira plus tard avec des

dirigeants politiques et économiques du monde entier.

Zhu a-t-il pour intention de combattre clairement les

intentions exprimées et scellées par Washington lors du

Sommet de l'Apec de Seattle en 1993 afin de redessiner

la carte géopolitique de l'Asie ?  Si les mains ne lui

sont pas liées, un vrai bouleversement des alliances

verra le jour dans la région.  Comment ?  On se demande

par exemple quelle future image de l'Asie sommeille dans

l'esprit des dirigeants de ce Continent?  Quelles

ripostes, au-delà de l'horizon 2000, permettraient

d'assurer la présence de quelques nations majeures du

continent Asiatique au rang de "puissances

internationales" dans un monde plus proche mais élargi ?

Il sera utile pour cela de revenir sur les secrets de

l'histoire de ces 50 dernieres années, et tout

particulierement sur l'histoire de la conquête coloniale

et contemporaine de l'Asie par le Japon, et sur la

transformation économique et politique du Japon et sur

l'avenir du continent Est Asiatique.

 

Ce sera dans le blog Asian Gazette :

http://asiangazette.blogspot.com/

 

 

CHARTE de TRANSPARENCE " de "ASIANGAZETTE" :

 

Cette lettre d'information, née en 1997 à Londres des

conseils de chercheurs de la SOAS et de la British

Library, est à but non lucratif. Elle est animée par le

journaliste et "Foreign Correspondent" français Joël J.

Legendre-Koizumi avec le concours de quelques

spécialistes de l'Extrême-Orient. "Asiangazette" avec

Joel Legendre observe les multiples facettes de

l'actualité et de l'histoire de l'Asie. Elle est

recommandée en Juin 1998 par des observateurs de l'Asie

et par des revues dont l'hebdomadaire d'information sur

le Net "LMB" de la DSI du CNRS" au titre de " Actualité

asiatique complète et en français ". "Asiangazette" est

également présente sur des bases de données telles le

site de l'université américaine "SWARTHMORE College of

Liberal Arts" de Pennsylvanie, ainsi que sur de célèbres

sites sur Internet tel "EURASIE" et diverses

cybernewsletters consacrées à la Francophonie,

l'information et l'Asie. "Asiangazette" constitue un

carrefour, un point de repère et une interface pour

faciliter la compréhension des événements historiques,

et actuels qui interviennent sur l'ensemble du continent

Euro -Asiatique. "Asiangazette" est progressivement

enrichie par des données d'informations accompagnant

l'actualité, par des reportages et par la présentation

de documents exclusifs. Les chapitres se succédent dans

cette Newsletter et permettent la présentation,

l'interprétation de l'actualité et la synthèse de livres

et de témoignages par des sources et des citations qui

émanent des acteurs de l'actualité, des analyses et des

revues produites par des spécialistes de l'Asie et de

l'Europe: journalistes, écrivains, universitaires,

scientifiques, militaires, financiers et politiques

guidés par un objectif de transparence. "Asiangazette",

depuis sa diffusion sur internet, touche un public

fidèle, et intensifie ses travaux. Au-delà de ce site

sur internet, Asiangazette réalise depuis Tokyo des

enquêtes de presse, des productions, dossiers, scripts

et tournages, ciblés pour la presse et l'audiovisuel

ainsi que le commente dans ses colonnes le média

américain "Content-Exchange Spotlight Talent".

 

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